(Athènes) Plus de 130 tracteurs venus de toute la Grèce ont stationné mardi devant le Parlement à Athènes où 8000 agriculteurs, selon la police, ont scandé leur mécontentement, dans une protestation similaire à celles de leurs collègues européens.

Les tracteurs, 137 selon la police, et des dizaines de pick-ups et camions surmontés de drapeaux grecs, ont convergé en klaxonnant vers le centre de la capitale jusqu’à la place Syntagma, a constaté l’AFP.

« Sans production agricole, il n’y pas d’avenir en Grèce », pouvait-on lire sur une immense banderole, tandis que des pancartes sur les tracteurs proclamaient notamment « on suce le sang des agriculteurs ».

Environ 8000 agriculteurs de Grèce continentale et de Crète (sud) ont défilé dans le centre-ville avant de rejoindre eux aussi la place Syntagma, selon la police.

Ils doivent y passer la nuit avant de quitter les lieux mercredi midi.

PHOTO ARIS MESSINIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le centre d’Athènes, à la dense circulation automobile, a été en partie bouclé à la circulation.

« La politique européenne est une corde au cou. Nous sommes là pour exprimer notre solidarité avec nos collègues en Europe », affirme à l’AFP Manolis Karkadatsos, président des associations agricoles d’Héraklion, en Crète.

« Nos problèmes sont les mêmes qu’ailleurs en Europe mais ici en Grèce nous sommes de petites exploitations, les coûts de production sont énormes notamment pour les engrais et les carburants », explique Giorgos Charisanis, un agriculteur de 55 ans de la région de Thessalonique (nord).

Nikolaos Toutouzas, 54 ans, venu de Thèbes (centre) en veut à « la politique verte de l’Union européenne ». « Cet agenda va nous tuer », s’indigne-t-il, canne de berger en main.

Certains mettent également en exergue la chute du nombre d’agriculteurs en Grèce. « Il y a dix ans, on comptait un million d’agriculteurs, aujourd’hui seulement 400 000 », relève un syndicaliste, Yannis Tasoulas.  

Le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, qui a rencontré la semaine dernière les représentants des syndicats professionnels, a appelé lundi les agriculteurs à causer « le moins de perturbations possible ».  

 « Rien de plus »

Il a affirmé sur la télé Star TV comprendre « parfaitement que nos agriculteurs veuillent organiser une manifestation symbolique à Athènes à l’instar de ce qui s’est passé dans les autres capitales européennes ». Mais le gouvernement n’a « rien de plus à donner » aux agriculteurs, a ajouté le dirigeant conservateur.  

La Fédération des agriculteurs a indiqué ne pas être « satisfaite des mesures supplémentaires annoncées par le gouvernement ».

Les agriculteurs grecs ont commencé à protester le mois dernier, comme notamment leurs collègues en France, Allemagne, Italie, Pologne et Espagne.  

Leur mécontentement est en partie alimenté par la lenteur des indemnisations après les feux et les inondations dévastatrices de 2023 en Thessalie, la grande plaine agricole du pays.

Ils réclament aussi un contrôle des importations, une réduction des taxes sur les carburants, de meilleurs prix pour leurs produits et un assouplissement des réglementations environnementales de l’UE.  

Après leur avoir versé entre 2000 euros et 4000 euros l’année dernière, le gouvernement a promis une aide supplémentaire de 5000 à 10 000 euros cette année. Il a aussi proposé de réduire les factures d’énergie des agriculteurs au cours des dix prochaines années et de ramener la TVA sur les engrais et aliments pour animaux de 13 % à 6 %.