(Marseille) Décidés à mettre « la pression » avant le salon de l’agriculture, 200 à 300 agriculteurs et une quarantaine de tracteurs ont défilé dans Marseille lundi, répandant du fumier et du foin devant des bâtiments administratifs pour réclamer de « vivre de leur métier ».

La manifestation, rassemblant paysans, viticulteurs ou éleveurs venus de toute la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, s’est déroulée dans une ambiance festive, à l’exception d’un moment de tension devant la Dre AL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Des manifestants ont embouti, avec des tracteurs, une large porte en métal au pied de l’immeuble de la Dre AL et un cendrier a été jeté depuis les étages, touchant la tête d’un manifestant. Les mots « Laissez-nous travailler ! ! ! » ont été tagués sur la porte et du foin a été répandu sur le trottoir.

« La salon de l’agriculture sera sous pression, nous y serons et nous ne serons pas là pour agrémenter leurs services communication, nous serons là pour les haranguer et pour obtenir des choses », a assuré Laurent Depieds, président régional de la FNSEA, le syndicat qui avait appelé à cette manifestation, avec les Jeunes Agriculteurs.

« C’est de pire en pire, à chaque fois on nous promet des simplifications, mais on a encore plus d’administratif à faire », a pour sa part expliqué Romain Blanchard, président de la FNSEA des Bouches-du-Rhône, rappelant que les agriculteurs n’avaient pas cessé mais seulement « suspendu » leur mouvement de protestation fin janvier.

« Le gouvernement et l’administration n’ont pas bien compris nos revendications », a-t-il ajouté, estimant que la mobilisation d’autres agriculteurs dans différents pays de l’Union européenne montre qu’« on est dans le vrai, qu’on a raison de faire ce qu’on fait » : on veut pouvoir « vivre de notre métier, pas d’aides », a-t-il résumé.

Le cortège a traversé de nombreux quartiers de la ville, attirant l’attention des passants avec notamment la présence d’une vache brune nommée « Iris ». « Il y a un tas de lois qui sont mal faites, c’est un millefeuille », a regretté son propriétaire, Rolland Gautier.

Au passage des tracteurs devant la préfecture, une dizaine de fourgons de CRS attendaient les manifestants, qui ont déversé une remorque remplie de fumier devant le bâtiment.

Sur les pancartes accrochées aux tracteurs, on pouvait lire des slogans comme : « On attend toujours des réponses », « Produits étrangers = cancer » ou encore « On est là pour vous nourrir, pas pour mourir, lâchez-nous la grappe ».

« Tout a augmenté » et cette hausse des prix « nous tire vers le bas », a regretté Charly Recchia, un trentenaire qui travaille dans une exploitation agricole du Var et avait roulé pendant près de trois heures à bord de son tracteur pour rejoindre la manifestation.