(Kyiv) L’Ukraine a revendiqué lundi quelques gains dans l’Est et le Sud, de petites avancées dans le cadre de son éreintante contre-offensive déclenchée il y a deux mois pour libérer ces territoires occupés par la Russie.

Dans l’Est, la bataille pour Bakhmout continue de faire rage, et ce depuis un an. Conquise en mai après des mois de sanglants combats par les Russes, ce sont désormais ces derniers qui sont sur la défensive dans cette citée ravagée, devenue un symbole de la guerre.

« Dans le secteur de Bakhmout, 3 km2 ont été libérés la semaine dernière. Au total, 40 km2 ont déjà été libérés sur le flanc sud du secteur de Bakhmout », a annoncé Ganna Maliar, la vice-ministre ukrainienne de la Défense.

L’Ukraine est en difficulté plus au Nord, autour de Koupiansk, si bien qu’elle n’a pu « concentrer [ses] forces sur l’offensive dans le secteur de Bakhmout », selon Mme Maliar.

PHOTO LIBKOS, ASSOCIATED PRESS

Un soldat ukrainien regarde un système de lance-roquettes multiples Grad tirer des obus près de Bakhmout, le 13 août.

La Russie, Vladimir Poutine en tête, répète à l’envi que la contre-offensive a déjà échoué.  

Et Moscou a lancé sa propre offensive dans le Nord-Est, menaçant désormais la ville de Koupiansk, reprise par Kyiv en septembre dernier. Jeudi, les autorités ukrainiennes ont ordonné l’évacuation de dizaines de villages face à l’avancée russe dans cette partie de la région de Kharkiv.

Concernant le front sud, où les soldats ukrainiens cherchent à trouver depuis des semaines les points faibles des lignes de défense russes, faites de champs de mines, de tranchées et de pièges antichars, Mme Maliar est restée vague, mentionnant néanmoins des progrès.  

« Les hostilités se poursuivent dans la localité d’Ourojaïné, nous avons certains succès », a-t-elle estimé.  

Besoin urgent d’armements

Enfin, dans la région de Kherson (Sud), la vice-ministre a évoqué des « actions » menées par « certaines unités » ukrainiennes sur la rive orientale du Dniepr, où l’armée russe s’est retirée en novembre 2022, ce fleuve devenant alors la ligne de front.

Forte d’une aide militaire occidentale conséquente, l’Ukraine a déclenché en juin une vaste contre-offensive pour chasser l’armée russe des territoires qu’elle occupe.

Kyiv a préparé l’opération pendant des mois, accumulant les ressources et formant les recrues. Pendant ce temps, les Russes ont bâti de puissantes défenses, si bien que l’armée ukrainienne n’avance que très péniblement.

Les dirigeants ukrainiens ne cessent de dire que les combats sont rudes mais que les premiers résultats sont là et qu’il leur faut plus de missiles de longue portée pour ravager les arrières russes.  

Un conseiller à la présidence, Mykhaïlo Podoliak, a une fois encore critiqué ceux qui jugent l’offensive ukrainienne trop lente.

Notre mission n’est pas d’orchestrer des batailles d’ampleur pour chaque village […] mais de détruire systématiquement les capacités de l’armée ennemie. 

Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, sur X

« Et l’armée ukrainienne s’applique à cette tâche à 100 % », a-t-il ajouté.

En milieu de journée lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé que les systèmes russes de défense antiaérienne avaient « détecté et détruit des drones » attribués à Kyiv « au-dessus du territoire de la région de Belgorod ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit quant à lui être allé à la rencontre des troupes sur le front oriental, dans la région de Donetsk.

Obsèques d’un petit garçon

La Russie poursuit pour sa part sa campagne de bombardements de l’Ukraine, affirmant détruire des entrepôts et des baraquements de militaire.

Mais, sur le terrain, ce sont aussi des restaurants, des hôtels, des habitations qui sont détruits, faisant des morts et des blessés.

Les obsèques d’un petit garçon de huit ans, Volodymyr Balabanyk, se sont déroulées lundi dans la région d’Ivano-Frankivsk (Ouest), située à des centaines de kilomètres du front.

Selon Kyiv, il a été tué lorsqu’un missile hypersonique Kinjal, qui visait un aérodrome, s’est finalement abattu vendredi sur une maison.

Des ballons en forme de dinosaures flottaient au-dessus du petit cercueil blanc, pendant l’enterrement à Kolomyia, où une marée de fleurs et de proches en larmes entourait la sépulture.  

Odessa, un important port ukrainien sur la mer Noire, a été de son côté attaqué dans la nuit de dimanche à lundi par quinze drones et huit missiles, a annoncé le Commandement opérationnel ukrainien.

PHOTO OLEKSANDR GIMANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un supermarché d’Odessa a été détruit par une frappe russe, le 14 août.

Ces engins ont été abattus par la défense antiaérienne, a-t-il ajouté, mais leurs débris ont endommagé un supermarché, dont trois employés ont été blessés. Selon la mairie, des crèches et maternelles ont aussi subi des dégâts.

En Russie, sous l’effet des sanctions, le rouble atteignait des records de faiblesse, amenant la banque centrale à organiser une réunion surprise mardi sur le taux directeur afin d’essayer d’enrayer la chute de la monnaie qui menace le pouvoir d’achat des Russes.

La Russie intercepte un avion militaire norvégien

La Russie a affirmé avoir envoyé un chasseur pour intercepter lundi un avion militaire norvégien qui s’approchait de ses frontières au-dessus de la mer de Barents, dans l’océan Arctique.

« À l’approche du chasseur russe, l’avion militaire étranger a fait demi-tour », a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué, précisant que l’appareil norvégien avait été identifié comme étant un Boeing P-8A « Poseidon », un avion de patrouille maritime.

« Aucune violation de la frontière de la Fédération de Russie n’a été permise », a ajouté le ministère, assurant que l’interception avait eu lieu dans le respect des règles internationales « sans couper les trajectoires aériennes » ni « rapprochement dangereux ».

L’interception est une opération visant à escorter un avion jugé trop proche d’un espace aérien ou y ayant pénétré.

Les incidents impliquant des avions russes et des appareils de pays de l’OTAN, dont fait partie Norvège, se sont multipliés ces dernières années, avant même le début du conflit en Ukraine.

Ils ont souvent eu lieu au-dessus de la mer Baltique mais également en mer Noire et ailleurs.