(Lviv) L’Ukraine a été une fois de plus la cible de bombardements russes nocturnes, qui ont fait au moins trois morts, ont annoncé mardi les autorités, précisant que ces frappes avaient notamment visé Lviv et Loutsk, deux grandes villes de l’ouest.

Ce qu’il faut savoir

  • L’armée russe a affirmé mardi avoir détruit dans une nouvelle salve de frappes nocturnes plusieurs sites industriels militaires en Ukraine ;
  • L’Ukraine a de son côté assuré avoir abattu 16 des 28 missiles tirés dans la nuit de lundi à mardi par les Russes ;
  • Un autre missile, qui n’a pas été intercepté par la défense antiaérienne de Kyiv, a cependant fait trois morts sur un site industriel à Loutsk, une grande ville de l’ouest ;
  • Ce site appartient au géant suédois SKF, spécialiste des roulements à billes, qui a confirmé que trois de ses employés avaient péri ;
  • La Russie dit avoir empêché une incursion ukrainienne dans une région frontalière de l’Ukraine ;
  • La Banque centrale russe (BCR) a relevé mardi son taux directeur de 8,5 % à 12 % pour contrer la chute du rouble et freiner l’inflation, jugeant « possible » une nouvelle augmentation en cas d’accélération de la hausse des prix ;
  • Le ministre russe de la Défense a estimé mardi que les ressources de l’armée ukrainienne étaient « quasiment épuisées » ;
  • La Suède va fournir des munitions et des pièces détachées à l’Ukraine.

La Russie est, quant à elle, sous l’effet des sanctions économiques prises depuis l’invasion de son voisin ukrainien, confrontée à la chute du rouble et à une inflation qui repart, forçant la banque centrale à augmenter son taux directeur pour tenter d’enrayer la tendance.

Moscou a dit avoir détruit des installations industrielles militaires « clés du régime de Kyiv », l’Ukraine assurant de son côté avoir abattu 16 des 28 missiles tirés dans la nuit par l’armée russe.

L’un d’entre eux a fait trois morts sur un site industriel de Loutsk, à moins de 100 kilomètres de la Pologne, appartenant au géant suédois SKF, un spécialiste des roulements à billes.

Confirmant la mort de trois de ses employés, un porte-parole de SKF a déclaré à l’AFP que l’usine produisait des roulements pour les véhicules commerciaux lourds et qu’il s’agissait d’une « activité civile ordinaire ».

Missile sur un terrain de jeux

Selon des journalistes de l’AFP sur place, un autre missile a frappé le terrain de jeux d’une maternelle à Lviv.  

« Je ressens une douleur terrible », a lancé Olga Boura, une retraitée de 64 ans à la voix brisée par l’émotion face aux dégâts considérables subis par sa maison, les débris de verre crépitant sous ses pieds.  

PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

À Lviv, l’un des missiles s’est enfoncé dans le sol d’un terrain de jeu d’une maternelle, laissant un trou béant, selon des journalistes de l’AFP.

Selon les autorités locales, plus de 100 appartements ont été endommagés et le plafond d’un supermarché s’est effondré. Dix-neuf personnes ont été blessées.

« Parfois, on oublie qu’il y a une guerre en cours », a dit à l’AFP Dan Kvit, un étudiant de 17 ans, laissant entendre que les habitants de la métropole n’étaient pas habitués à de telles frappes.

Éreintante contre-offensive

Sur le front, l’Ukraine a revendiqué lundi quelques gains dans les parties orientale et méridionale de son territoire, en particulier aux alentours de Bakhmout (est). De petites avancées dans le cadre de son éreintante contre-offensive déclenchée il y a deux mois pour libérer ces territoires occupés par la Russie.

En revanche, son armée est en difficulté plus au nord, autour de Koupiansk, et continue de freiner l’offensive russe, selon Kyiv.

Dans le sud, où les soldats ukrainiens cherchent à trouver depuis des semaines les points faibles des lignes de défense russes, faites de champs de mines, de tranchées et de pièges antichars, le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky est allé soutenir le moral des troupes.

« Au cours d’un voyage dans la région de Zaporijjia, le président a visité les emplacements des brigades qui mènent des opérations offensives dans le secteur de Mélitopol », a fait savoir la présidence ukrainienne dans un communiqué.

Les militaires ont réclamé plus de drones et « souligné le besoin de moyens radioélectroniques et de systèmes de défense antiaérienne de première ligne, pour contrer les avions et les drones ennemis », a-t-elle ajouté.

Moscou a de son côté jugé que les troupes ukrainiennes étaient à bout de ressources, réaffirmant que leur contre-offensive pour reprendre les zones occupées était un échec.  

« Les ressources de l’armée ukrainienne sont quasiment épuisées », a ainsi lâché mardi le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

« Malgré l’aide totale de l’Occident aux forces armées d’Ukraine, il n’y a pas de résultats », a-t-il encore proclamé.

M. Choïgou a affirmé que la campagne militaire en Ukraine, déclenchée il y a près d’un an et demi, s’était révélée une « sérieuse épreuve » pour les soldats russes, mais que son pays avait réussi à « fortement » accroître sa production d’engins blindés.

Chute du rouble

Sur le plan économique, la Russie a toutefois vu ces dernières semaines sa monnaie s’écrouler, son commerce extérieur, en particulier ses ventes d’hydrocarbures, subissant de plein fouet les mesures restrictives adoptées par les Occidentaux.

Après de longues tergiversations et en mal de recettes tirées au gaz et au pétrole, faisant face à la hausse des prix et à des critiques du Kremlin, la banque centrale russe s’est finalement résolue mardi à un relèvement surprise de son taux d’intérêt directeur de 8,5 % à 12 %.  

L’objectif est de freiner l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des Russes, cependant que les autorités doivent consacrer des sommes toujours plus importantes à la guerre livrée à l’Ukraine.  

La banque centrale a d’ailleurs prévenu qu’une nouvelle hausse de ce taux restait possible.

PHOTO ALEXANDER ZEMLIANICHENKO, ASSOCIATED PRESS

La Russie est, elle, sous l’effet des sanctions économiques adoptées depuis l’invasion de son voisin ukrainien, confrontée à la chute du rouble et à une inflation qui repart, forçant la Banque centrale à augmenter son taux directeur pour tenter d’enrayer cette tendance.

Moscou a par ailleurs entamé mardi la phase d’essai d’un rouble numérique, s’appuyant sur la technologie de la chaîne de blocs en espérant limiter à terme l’impact des sanctions internationales.

Les États-Unis ont pour leur part averti mardi que la Russie agirait en violation de résolutions de l’ONU si elle concluait un accord sur les armes avec la Corée du Nord, après que Moscou et Pyongyang ont prôné une coopération accrue en matière de défense.