(Bulboaca) Le président Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi les dirigeants européens à renforcer leur soutien à l’Ukraine, lors d’un sommet inédit en Moldavie, petit pays qui vit lui aussi dans la crainte d’une agression russe.

Près de 50 dirigeants européens se sont réunis à seulement 20 km de la frontière ukrainienne pour envoyer un message de soutien à ces deux anciennes républiques soviétiques, alors qu’une nouvelle attaque aérienne a frappé Kyiv tôt jeudi matin, tuant au moins trois personnes, dont un enfant.

Parallèlement, Moscou a affirmé que les forces ukrainiennes avaient tenté d’« envahir » la région russe de Belgorod et mené des frappes nourries qui ont fait onze blessés, notamment dans la ville frontalière de Chebekino.

PHOTO GOVERNOR OF BELGOROD REGION, VIA REUTERS

Une voiture détruite à Belgorod

Le président ukrainien a profité de la tribune offerte par la deuxième réunion de la Communauté politique européenne (CPE) pour plaider avec force en faveur de l’adhésion de son pays à l’OTAN et à l’UE.  

« Chaque doute que nous manifestons est une tranchée que la Russie essaiera d’occuper », a-t-il martelé. « Tous les pays européens qui ont une frontière avec la Russie et qui ne veulent pas que la Russie leur arrache une partie de leur territoire doivent être membres à part entière de l’OTAN et de l’UE », a-t-il poursuivi.

Les chefs de la diplomatie des pays de l’Alliance atlantique étaient par ailleurs rassemblés jeudi à Oslo pour discuter des réponses possibles à la demande d’adhésion de Kyiv.

Volodymyr Zelensky a de nouveau appelé ses alliés à fournir plus d’avions de combat et de systèmes de défense antiaérienne. « C’est difficile pour nous aujourd’hui parce que nous n’avons pas d’avions de combat modernes et c’est la raison pour laquelle la Russie domine le ciel », a-t-il déploré.

Le sommet de la CPE, organisé au château Mimi, un domaine viticole dans le village de Bulboaca, « a montré que nous sommes une famille forte et unie », a déclaré la présidente moldave Maia Sandu qui frappe également à la porte de l’UE. La Moldavie « est engagée de façon irréversible vers une adhésion à l’Union européenne », a-t-elle affirmé.

PHOTO LUDOVIC MARIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky et la présidente de la Moldavie Maia Sandu

Comme lors de sa première édition à Prague en octobre, le sommet, a donné lieu à une « photo de famille », avec cette fois un absent de marque, le président turc Recep Tayyp Erdogan, réélu dimanche mais qui n’a pas fait le déplacement.

Prise dans ce village proche de la Transdniestrie, région séparatiste prorusse de 300 000 habitants dans l’Est du pays, la photo se veut un symbole de l’isolement de Poutine sur le continent.

« Un message contre la guerre »

« Nous voulons envoyer un message fort d’unité contre la guerre de Poutine en Ukraine », a déclaré le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.

Rassemblement beaucoup plus large que l’UE (20 pays ont été invités en plus des 27 membres du bloc), la CPE, imaginée par le président français Emmanuel Macron, réunit des États aux profils et parcours très différents : Arménie, Géorgie, Islande, Norvège, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Serbie, Azerbaïdjan…

 « La Russie de Poutine s’est exclue elle-même de cette communauté en lançant cette guerre contre l’Ukraine », a souligné le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell.

La CPE est aussi l’occasion de quelques discussions bilatérales ou en formats restreints entre dirigeants.

Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont pu réunir le président serbe Aleksandar Vucic et la présidente kosovare Vjosa Osmani pour tenter de faire baisser les tensions dans le nord du Kosovo.

Le président français et le chancelier allemand ont réclamé l’organisation de nouvelles élections dans des municipalités contestées du nord du Kosovo, théâtre de récents affrontements.

Les deux dirigeants ont également organisé une rencontre entre les leaders de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan pour faire avancer les négociations visant à mettre fin à leur conflit.

Erevan et Bakou s’affrontent depuis des décennies pour le contrôle de la région azerbaïdjanaise du Nagorny Karabakh peuplée majoritairement d’Arméniens.

 « Notre Europe a besoin de régler les conflits, c’est une nécessité pour notre sécurité collective », a commenté Emmanuel Macron, estimant que le deuxième sommet de la Communauté politique européenne avait permis de « démontrer la force de ce format », dont il avait lancé l’idée.

Un troisième sommet de la CPE est prévu en octobre à Grenade (Espagne) et un quatrième au premier semestre 2024 au Royaume-Uni.

Deux blessés après la chute d’un drone sur Belgorod en Russie

Deux personnes ont été blessées jeudi après la chute d’un drone sur une chaussée à Belgorod, capitale d’une région russe du même nom frontalière de l’Ukraine, a indiqué le gouverneur, après que l’armée eut dit avoir repoussé une attaque à la frontière.

« Un engin inconnu a explosé à Belgorod. Selon les premières informations, un drone est tombé sur la chaussée. Il y a deux blessés », a indiqué Viatcheslav Gladkov sur Telegram, accompagnant son message de la photo d’un débris présumé de l’appareil.

Selon lui, l’un des blessés souffre d’une commotion cérébrale et l’autre de légères contusions. Un véhicule a aussi été endommagé.

Ces informations ont été confirmées sur Telegram par le maire de cette ville de 520 000 habitants, Valentin Demidov, selon lequel l’explosion s’est produite près d’une station-service.

Cette chute de drone intervient quelques heures après que l’armée russe a affirmé avoir repoussé à l’aide de l’aviation et de l’artillerie une attaque d’envergure à la frontière par plusieurs dizaines de combattants venus d’Ukraine épaulés par des chars.

D’intenses bombardements ont aussi visé jeudi la ville de Chebekino, qui compte 40 000 habitants et qui est située dans la même région près de la frontière ukrainienne.

Au total, 13 personnes ont été blessées dans la région de Belgorod au cours de la journée, selon le décompte officiel.

Les autorités ont entamé des évacuations de civils face à cette situation qui se dégrade de jour en jour dans la région, déjà visée par de multiples frappes et incursions.