(Moscou) La Russie a commencé mercredi l’évacuation des enfants de localités frontalières de l’Ukraine intensivement bombardées depuis plusieurs jours, et où le Kremlin a jugé la situation « alarmante ».

Ce qu’il faut savoir

  • Le président français Emmanuel Macron, qui avait jugé en 2019 que l’OTAN était en état de « mort cérébrale », a affirmé que le président russe Vladimir Poutine l’avait « réveillée avec le pire des électrochocs » en envahissant l’Ukraine.
  • La Russie a revendiqué la destruction à Odessa (sud de l’Ukraine) d’un navire de débarquement, le Iouri Olefirenko, présenté par Moscou comme le « dernier » bâtiment de guerre de la marine ukrainienne encore opérationnel.
  • Un bombardement nocturne sur un élevage de volailles dans la région occupée de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, a fait au moins 5 morts et 19 blessés, ont affirmé les autorités russes, accusant Kyiv d’avoir mené cette frappe.
  • Emmanuel Macron va tenter en Slovaquie de rassurer ses homologues est-européens qui redoutent que des concessions ne soient faites à la Russie pour mettre fin plus vite à la guerre.

Les attaques se multiplient sur le sol russe depuis des semaines, ayant culminé par un assaut de drones sans précédent sur Moscou mardi et une spectaculaire incursion armée la semaine dernière dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine.

De leur côté, les forces russes, qui mènent depuis février 2022 une offensive contre l’Ukraine, ont lancé cette semaine plusieurs vagues de frappes massives sur la capitale, Kyiv, à coups de missiles et de drones explosifs.

Tôt jeudi (heure locale), une attaque aérienne sur la capitale ukrainienne a d’ailleurs fait trois morts et quatre blessés, parmi lesquels deux enfants, ont annoncé le maire de Kyiv Vitali Klitschko et les autorités militaires.

Évacuation à Belgorod

Mercredi, le gouverneur de Belgorod a annoncé le début de l’évacuation des enfants de deux localités de la région qui ont subi des tirs nourris d’artillerie et de mortier.

« Aujourd’hui, un premier groupe de 300 enfants va être envoyé à Voronej », ville située à quelque 250 km au nord-est de Belgorod, donc plus loin de la frontière ukrainienne, a déclaré Viatcheslav Gladkov.

Cette décision a été prise en raison de la situation qui se « détériore » dans la région, qui a subi quelque 260 tirs de mortier et d’artillerie dans la seule journée de mardi, a-t-il ajouté.

Une personne a été tuée mardi soir et quatre personnes ont été blessées dans d’autres frappes « massives » dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué M. Gladkov.

Le Kremlin « préoccupé »

« Nous sommes vraiment préoccupés par cette situation. Le bombardement de cibles civiles continue » à Belgorod, a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Nous n’avons pas entendu un seul mot de condamnation de la part de l’Occident », a-t-il dénoncé. « La situation est vraiment alarmante. Des mesures sont en train d’être prises », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Cet aveu d’inquiétude arrive au moment où la Russie semble incapable d’enrayer les attaques qui se multiplient sur son sol depuis des semaines.

Cette hausse notable du nombre d’attaques intervient alors que l’Ukraine affirme depuis plusieurs semaines être en train d’achever ses préparatifs avant de lancer une grande offensive.

Navire ukrainien « détruit »

Mardi, les autorités russes ont annoncé avoir neutralisé huit drones qui avaient réussi à atteindre Moscou, la capitale, et sa région, à quelque 500 km de l’Ukraine. Deux personnes ont été légèrement blessées par la chute de débris sur des immeubles d’habitation.

La semaine dernière, la région de Belgorod a été le théâtre d’une incursion de grande ampleur, avec des dizaines d’hommes armés venus d’Ukraine semant la panique pendant deux jours avant d’être repoussés par l’aviation et l’artillerie russes.

Depuis, des zones frontalières de la région de Belgorod sont quotidiennement bombardées.

Mercredi, un drone est par ailleurs tombé dans le périmètre d’une raffinerie de pétrole à Ilski, dans la région de Krasnodar, sans faire de victimes ni de dégâts, ont annoncé les autorités locales.

Cette même raffinerie avait déjà été visée début mai par deux attaques de drones qui avaient provoqué des incendies.

En Ukraine, 5 personnes ont été tuées et 19 blessées dans un bombardement des forces de Kyiv dans une zone occupée par les troupes russes dans la région de Louhansk, ont annoncé les autorités installées par Moscou.

Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a affirmé mercredi que Moscou avait détruit cette semaine le « dernier » navire de guerre ukrainien encore opérationnel.

« Le 29 [mai], à la suite d’une frappe d’armes de haute précision des forces aérospatiales russes sur la zone d’amarrage de bateaux militaires dans le port d’Odessa, le dernier navire de guerre de la marine ukrainienne, le Iouri Olefirenko, a été détruit », a déclaré le ministère russe dans un communiqué.

Interrogé par l’AFP, le porte-parole des forces navales ukrainiennes, Oleg Tchalyk, n’a pas formellement démenti cette information, mais a appelé à ne « pas accorder d’attention » aux sources russes.

L’Allemagne ferme quatre consulats russes sur son sol

L’Allemagne a décidé de fermer quatre des cinq consulats russes présents sur son sol, en représailles aux restrictions imposées par Moscou à sa propre représentation diplomatique en Russie, a annoncé mercredi le ministère allemand des Affaires étrangères.

« Afin d’assurer un équilibre des présences mutuelles tant au niveau du personnel que des structures, nous avons décidé de retirer l’autorisation d’exploitation de quatre des cinq consulats généraux de Russie exploités en Allemagne ; cela a été communiqué aujourd’hui au ministère russe des Affaires étrangères », a déclaré au cours d’une conférence de presse régulière un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

En réaction à la fermeture de ses consulats en Allemagne, Moscou a dénoncé mercredi une « provocation irréfléchie » et promis qu’il y aurait une « réponse ».

Le ministère russe des Affaires étrangères a fustigé dans un communiqué « une nouvelle mesure inamicale visant à détruire davantage les relations russo-allemandes ».

Il a accusé Berlin d’être responsable de « l’escalade constante » en « expulsant massivement » des diplomates russes « sous des prétextes farfelus », réduisant les effectifs des missions et retardant la délivrance des visas.