Il la prépare depuis des mois. Kyiv est enfin prêt à lancer sa contre-offensive et à reprendre le territoire occupé par l’armée russe. Une opération qui pourrait marquer un tournant dans la guerre en Ukraine.

L’assaut contre les forces russes pourrait débuter « demain, après-demain ou la semaine prochaine », a déclaré le haut responsable ukrainien Oleksiy Danilov, samedi, sur les ondes de la chaîne britannique BBC.

Il a ajouté que son gouvernement jouit d’une « occasion historique » qu’il « ne peut pas perdre ».

Quelques heures plus tôt, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, avait publié sur les réseaux sociaux une vidéo montrant ses troupes prêtes à combattre.

« Le moment est venu de reprendre ce qui nous appartient », indiquait la publication.

Le lancement d’une contre-offensive ukrainienne était dans l’air depuis des mois, rappelle le spécialiste Dominique Arel.

« C’est clair que ça s’en vient. Maintenant, on ne sait pas quand et on ne sait pas où ils vont frapper », souligne le titulaire de la Chaire d’études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa.

Lanceront-ils l’assaut dans la région de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine ? Il s’agirait d’une décision stratégique, puisqu’ils couperaient le « pont terrestre » entre la Crimée et le Donbass, et ainsi perturberaient les chaînes d’approvisionnement de l’armée russe.

Ce qui n’est pas non plus gagné d’avance, nuance M. Arel. « Les Russes y sont installés depuis longtemps et ils ont bâti des fortifications », explique le professeur.

L’armée ukrainienne pourrait aussi décider de frapper dans l’est du pays, mais s’avancerait vers des territoires qu’elle ne contrôle plus depuis 2014. « Ce serait une autre paire de manches », souligne-t-il.

PHOTO LIBKOS, ASSOCIATED PRESS

Soldats ukrainiens au front dans la région de Bakhmout

L’Ukraine a-t-elle des chances de reprendre aux forces russes le territoire qu’elle a perdu ? Les conditions lui sont à tout le moins propices, estime Dominique Arel. L’armée ukrainienne est approvisionnée en véhicules blindés et en missiles à longue portée. Ses soldats sont gonflés à bloc, alors que les troupes russes essuient les échecs depuis le début de l’invasion. Les conditions routières sont aussi meilleures durant la période estivale.

« Jusqu’à quel point l’Ukraine sera capable de reprendre du territoire, c’est la grande question. Si elle fait des avancées sérieuses, ça changera toute la dynamique diplomatique, politique, militaire [de la guerre]. Si elle n’en fait pas, ce sera le pire scénario pour l’Ukraine », conclut-il.

« Opération à grande échelle » russe

En vue de perturber une imminente contre-offensive, la Russie serait en train de préparer une « opération à grande échelle » dans le sud-est de l’Ukraine, a affirmé Kyiv vendredi.

Un communiqué publié par la direction du renseignement du ministère ukrainien de la Défense affirme que les forces russes frapperont la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, puis signaleront une fuite radioactive afin de déclencher une enquête internationale.

Les hostilités seraient ainsi mises sur pause dans la région, ce qui donnerait aux Russes le répit dont ils ont besoin pour se regrouper et se préparer avant l’assaut des forces ukrainiennes.

Kyiv n’a pas fourni de preuves pour appuyer ses accusations.

Attaque de drones à Kyiv

À Kyiv, un homme est mort après une attaque « massive » de drones russes, a annoncé tôt dimanche son maire, Vitali Klitschko.

« Dans le district de Solomyanskyi de la capitale, en raison d’une chute de débris de drone près d’une station-service, une femme de 35 ans a été hospitalisée et un homme de 41 ans est mort », a écrit M. Klitschko sur Telegram.

Il avait expliqué un peu plus tôt que la défense aérienne de Kyiv avait abattu « plus de 20 drones » qui se dirigeaient vers la ville.

PHOTO GLEB GARANICH, REUTERS

Un nuage de fumée se déplace dans le ciel de Kyiv après une attaque de drone.

Le maire a qualifié cette nouvelle attaque de « massive » et appelé la population à rester à l’abri, mettant en garde contre de nouvelles vagues de drones fondant sur Kyiv « en provenance de plusieurs directions à la fois ».

De son côté, la Russie a fait état samedi de nouvelles attaques sur son territoire. Des zones situées à la frontière ukrainienne auraient notamment été bombardées.

« Une personne est morte. Il s’agit d’un gardien de sécurité dans une entreprise de la ville. Au moment de la frappe, il se trouvait dans la rue », a déclaré le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov.

Ailleurs le long de la frontière ukrainienne, le gouverneur de la région de Koursk, Roman Starovoït, a signalé la mort d’un ouvrier à la suite d’un tir de mortier près du village de Plekhovo.

Cet homme travaillait sur les « fortifications » de défense proches de l’Ukraine, a-t-il précisé.

Avec l’Agence France-Presse et la BBC