(Moscou) Le parquet a requis lundi en Biélorussie 19 ans de prison contre l’opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, jugée par contumace depuis janvier dans cette ex-république soviétique, en pleine répression de toute voix critique du régime d’Alexandre Loukachenko.

Réfugiée en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaïa, 40 ans, est visée par une dizaine d’accusations, notamment celles de haute trahison et de « conspiration en vue de prendre le pouvoir de manière inconstitutionnelle ».

Au cours d’une audience lundi dans un tribunal de Minsk, le parquet a requis contre elle 19 ans de prison, a rapporté l’agence de presse officielle biélorusse Belta.

Une peine similaire a été requise contre une autre figure de l’opposition en exil, Pavel Latouchko, un ancien ministre de la Culture et ex-directeur du théâtre académique d’État biélorusse, a ajouté Belta.

Pour trois autres alliés en exil de Mme Tikhanovskaïa - Maria Moroz, Olga Kovalkova et Sergueï Dylevski - jugés dans le cadre du même procès, le parquet a requis 12 ans de prison, selon la même source.

Svetlana Tikhanovskaïa, qui s’était présentée à la présidentielle de 2020 en Biélorussie à la place de son époux emprisonné Sergueï Tikhanovski, avait pendant la campagne réuni des foules à travers son pays, suscitant l’espoir d’un changement.

Contrainte à l’exil, celle qui se présentait autrefois comme une simple mère au foyer est désormais le visage des forces démocratiques en Biélorussie et l’ennemie d’un régime dont elle dénonce inlassablement les brutales exactions.

Dans un entretien avec l’AFP en janvier, Mme Tikhanovskaïa a qualifié son procès de « farce » et de « vengeance personnelle » d’Alexandre Loukachenko contre celle qui a fait trembler son pouvoir en 2020.

Pendant l’été 2020, la Biélorussie avait été secouée par un mouvement de contestation historique pour dénoncer la réélection controversée de M. Loukachenko, au pouvoir depuis près de trois décennies.

Les arrestations massives, les exils forcés et l’emprisonnement de militants pour la démocratie et de journalistes ont brisé ce mouvement.

Le mari de Svetlana Tikhanovskaïa, un blogueur populaire qui critiquait férocement M. Loukachenko, avait été condamné en décembre 2021 à 18 ans de prison, notamment pour « organisation de troubles massifs » et « incitation à la haine dans la société ».

Début janvier, un tribunal biélorusse a également commencé à juger Ales Bialiatski, un militant pour la démocratie emprisonné, colauréat du prix Nobel de la paix 2022 et fondateur du centre de défense des droits humains Viasna. M. Bialiatski et ses collaborateurs risquent chacun jusqu’à 12 ans de prison.