(Kyiv) L’Ukraine a démenti lundi que les troupes russes progressaient, comme l’affirme Moscou, près de la ville de Vougledar, nouveau point chaud du front dans l’est de l’Ukraine où les combats s’intensifient ces derniers temps.  

« Nos unités continuent d’avancer […] Des unités se sont établies dans l’est de Vougledar et le travail se poursuit dans les environs », avait affirmé dans la matinée le chef de l’occupation russe dans la région de Donetsk, Denis Pouchiline, cité par les agences russes.

Un porte-parole de l’armée ukrainienne responsable de cette zone, Ievguen Ierine, a, lui, assuré auprès de l’AFP que les attaques russes dans la zone avaient échoué.  

PHOTO OLEKSANDR RATUSHNIAK, ARCHIVES REUTERS

Une maison brûle à Vougledar après avoir été atteinte par une attaque russe, le 27 janvier.

Selon lui, les forces ukrainiennes ont pu repousser les Russes à l’aide d’« armes à feu et de l’artillerie ».  

« L’ennemi n’a pas enregistré de succès et s’est replié. Nous n’avons pas perdu nos positions », a soutenu M. Ierine.  

Pour sa part, M. Pouchiline a affirmé que l’armée ukrainienne s’était retranchée dans un secteur qui compte « un grand nombre de sites industriels et de bâtiments en hauteur », ce qui facilite les opérations défensives.

« Nous partons du principe que l’ennemi va résister », a-t-il poursuivi.

De son côté, le ministère russe de la Défense est resté vague, affirmant que ses troupes « ont pris des positions plus avantageuses » aux abords de Vougledar en infligeant des pertes aux forces ukrainiennes.  

Vougledar, ville minière qui comptait 15 000 habitants avant l’offensive russe, est située 150 kilomètres au sud de Bakhmout, autre point chaud du front oriental que l’armée russe cherche à prendre depuis plus de six mois au prix de lourdes pertes.

PHOTO ANATOLII STEPANOV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Une résidante marche dans les rues de Bakhmout, devant un bâtiment ayant été détruit.

Denis Pouchiline a précisé lundi que « des combats acharnés » étaient en cours près de Bakhmout et qu’il était « trop tôt » pour évoquer un encerclement de la ville par les troupes russes.

« Des combats sont en cours, nous tenons les lignes de défense en leur infligeant de pertes », a de son côté commenté un autre porte-parole militaire ukrainien, Serguiï Tcherevaty.  

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé dimanche que Bakhmout, Vougledar et d’autres zones de la région de Donetsk subissaient « des attaques russes constantes ».

Le Kremlin a juré de conquérir l’ensemble de la région de Donetsk après avoir revendiqué en septembre son annexion avec trois autres régions ukrainiennes : Louhansk dans l’Est, Kherson et Zaporijjia dans le Sud.

La Norvège veut envoyer des chars « aussi vite que possible »

La Norvège compte envoyer des chars Leopard 2 à l’Ukraine « aussi vite que possible », a déclaré lundi le ministre norvégien de la Défense, laissant entendre que ces livraisons pourraient intervenir fin mars.

La semaine dernière, le pays scandinave avait annoncé son intention de fournir à Kyiv un certain nombre de Leopard 2, dont 36 exemplaires sont en service au sein de son armée de Terre.

« Nous n’avons pas encore déterminé le nombre », a déclaré le ministre de la Défense, Bjørn Arild Gram, lundi. « C’est important que cela soit coordonné de manière étroite avec les partenaires, de sorte que cela soit un don qui fasse une différence pour l’Ukraine ».

« Nous souhaitons que cela se fasse aussi vite que possible, bien entendu. Il y a un besoin urgent », a-t-il ajouté en marge d’une visite d’un site d’assemblage de missiles antiaériens NASAMS, de conception américano-norvégienne, à Kongsberg, dans le sud-est de la Norvège.

Évoquant un effort concerté entre alliés, M. Gram a rappelé que l’Allemagne avait mentionné des livraisons de Leopard 2 « fin mars ». La semaine dernière, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, disait viser « fin mars, début avril » pour la livraison de chars, dont Berlin compte donner 14 exemplaires.

Le ministre norvégien a fait valoir les délais nécessaires pour obtenir le feu vert des livraisons, pour la formation des unités ukrainiennes à l’utilisation de cet engin ainsi que des questions de logistique.

« C’est une assez grosse opération, mais on souhaite que cela aille aussi rapidement que possible », a-t-il insisté.

Plusieurs autres pays occidentaux ont exprimé leur intention de fournir rapidement des chars lourds à l’Ukraine, à l’instar du Royaume-Uni qui compte livrer des Challenger fin mars.

Interdiction pour les fonctionnaires ukrainiens de partir en vacances à l’étranger

Le gouvernement ukrainien a interdit à ses hauts fonctionnaires et à tous les élus y compris les femmes de partir en vacances à l’étranger pendant le temps de l’invasion russe, sur fond de récents scandales impliquant d’importants dirigeants.

Adoptée vendredi, une résolution gouvernementale en ce sens « est déjà entrée en vigueur », a indiqué lundi le porte-parole des gardes-frontière ukrainiens, Andriï Demtchenko. « Ils ne peuvent désormais partir que dans le cadre d’une mission ».

Juste après le début de l’invasion russe lancée en février 2022, l’Ukraine a interdit aux hommes en âge de combattre (de 18 à 60 ans) de se rendre à l’étranger sauf en cas de rares exceptions nécessitant pour les responsables publics l’autorisation de leurs supérieurs.

Avec cette nouvelle résolution, les hauts fonctionnaires ne pourront partir en vacances à l’étranger uniquement s’ils rendent visite à leurs enfants, ou encore en cas de traitement médical ou bien lors du décès d’un proche, a détaillé M. Demtchenko.

L’interdiction s’étend aussi aux femmes hautes fonctionnaires ainsi qu’aux députés et les élus locaux, selon ce document publié sur le site officiel du gouvernement.

La députée Iryna Guerachtchenko a dénoncé sur Facebook une « décision populiste » ayant selon elle des « signes de discrimination à l’égard des milliers d’Ukrainiennes et leurs enfants », alors que le pays compte 15 000 femmes élues locales.

« Le pouvoir a d’abord appelé tous ceux qui peuvent à partir pour l’hiver avec leurs enfants et maintenant c’est l’interdiction de sortir », a-t-elle déploré. « Dans les conditions de la guerre, il est important de préserver la santé psychologique des femmes et de leurs enfants », a-t-elle fait valoir.

La résolution du gouvernement a été adoptée après des révélations de presse selon lesquelles un procureur général adjoint était récemment parti en vacances à Marbella, une célèbre station balnéaire espagnole.

Oleksiï Symonenko a été limogé de son poste le 25 janvier, dans le cadre d’une série de renvois initiés par le président Volodymyr Zelensky à la suite d’une affaire de corruption concernant des approvisionnements de l’armée.

Un député du parti présidentiel, Mykola Tychtchenko, a par ailleurs été exclu le 26 janvier du groupe parlementaire du parti présidentiel après un voyage en Thaïlande. Enfin, un influent média a accusé vendredi l’ancienne première ministre Ioulia Timochenko d’avoir passé des vacances dans une villa de luxe aux Émirats arabes unis.