(Lützerath) La police a annoncé dimanche avoir pratiquement fini d’évacuer les militants pour le climat d’un village allemand dont la destruction a été ordonnée pour faire place à l’extension d’une mine de charbon, les deux parties s’accusant mutuellement de violences.  

Au cours d’une opération qui a commencé mercredi, des centaines de membres des forces de l’ordre ont fait partir environ 300 militants du hameau de Lützerath, dans l’ouest de l’Allemagne.

L’évacuation de ces personnes devait initialement durer des semaines, mais la police a déclaré dimanche qu’il ne restait que deux d’entre elles dans ce village, terrées dans un souterrain.  

« Il n’y a plus de militants dans la région de Lützerath », a-t-elle assuré.

PHOTO WOLFGANG RATTAY, REUTERS

Des poursuites judiciaires ont été lancées contre environ 150 personnes.

Ce lieu, qui est devenu un symbole de la résistance aux combustibles fossiles, avait attiré samedi des milliers de manifestants, dont la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg.  

Les organisateurs du mouvement ont affirmé que 35 000 personnes s’y étaient alors regroupées, tandis que la police a évalué leur nombre à 15 000.

Celles-ci protestaient contre l’extension d’une mine de lignite à ciel ouvert et donc la disparition de Lützerath, dans le bassin rhénan, entre Düsseldorf et Cologne, soutenant les militants qui occupaient le site.

Violences

Plusieurs manifestants ont accusé dimanche la police d’avoir réprimé avec « violence » leur rassemblement la veille, qui a dégénéré en affrontements au cours desquels des dizaines de policiers et de manifestants ont été blessés.  

Une porte-parole des organisateurs de la manifestation, Indigo Drau, a accusé lors d’une conférence de presse la police de « pure violence », affirmant que des agents avaient battu « sans retenue » des militants, les frappant notamment à la tête.  

Le collectif Lützerath lebt ! a fait état samedi de dizaines de blessés, dont certains graves, dans les rangs des protestataires. Une vingtaine d’entre eux étaient hospitalisés, selon une infirmière de ce groupe de militants, Birte Schramm.

La police a affirmé de son côté dimanche que quelque 70 de ses agents avaient été blessés la veille.

« Nous avons été visés par des projectiles, avec des pierres, de la boue, des feux d’artifice », a dit à l’AFP Andreas Müller, son porte-parole.  

Plusieurs véhicules de police ont été endommagés, en particulier par des jets de pierres, et un grand nombre de pneus de véhicules de police ont été crevés, a souligné la police.

Des enquêtes ont été ouvertes dans environ 150 cas, a-t-elle signalé, pour résistance à des agents de police, dommages matériels ou atteinte à l’ordre public.  

Douze personnes ont au total été arrêtées ou placées en garde à vue.  

De nombreux militants s’étaient cachés à l’intérieur de cabanes dans les arbres et sur les toits de bâtiments afin de compliquer les opérations d’évacuation.  

La situation sur le terrain était redevenue « très calme » dimanche, d’après la police.

L’opération d’évacuation à Lützerath était politiquement délicate pour la coalition du social-démocrate Olaf Scholz qui gouverne avec les écologistes, accusés par les militants d’avoir trahi leurs engagements.

Le gouvernement juge nécessaire l’extension de la mine gérée par le géant RWE pour la sécurité énergétique de l’Allemagne, qui doit compenser l’interruption des livraisons de gaz russe, un motif impérieux que contestent les opposants, au nom de la lutte contre les énergies fossiles.