(Moscou) La diplomatie russe a dénoncé vendredi la décision des Vingt-Sept d’octroyer à l’Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l’Union européenne, y voyant une manœuvre géopolitique contre Moscou en pleine offensive chez son voisin ukrainien.

Cette décision « confirme qu’un accaparement géopolitique de l’espace de la CEI [la Communauté des États indépendants, qui rassemble plusieurs pays d’ex-URSS] se poursuit activement afin de contenir la Russie », a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

La décision européenne intervient quatre mois après le début de l’offensive russe contre son voisin ukrainien, destinée notamment à mettre fin au rapprochement de l’Ukraine avec l’Occident.

Selon Maria Zakharova, l’UE a pour objectif « de fixer avec les regions de son voisinage des relations reposant sur le principe maître-esclave ».

Elle a affirmé que Bruxelles use de « méthodes de chantage politique et économique » et fait pression sur les États candidats pour qu’ils prennent des « sanctions illégitimes » contre Moscou.

« Cette approche agressive de l’Union européenne a la potentiel de créer de nouveaux schismes et de nouvelles crises bien plus profondes en Europe », a-t-elle poursuivi.

Plus tôt dans la journée, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’était montré plus mesuré.

« C’est une affaire intérieure à l’Europe », avait-t-il déclaré, relevant néanmoins qu’il était « important » que « tous ces processus n’apportent pas davantage de problèmes à la Russie ».

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé qu’une adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie ne présentait « aucun risque » pour la Russie, car l’UE n’est pas une alliance militaire, et a rappelé que le président Vladimir Poutine avait affirmé qu’il ne s’y opposait pas.  

Mais il a également usé d’un vocabulaire martial, accusant l’UE et l’OTAN de vouloir faire la guerre à la Russie, comme l’avaient fait les nazis en leur temps.

« Hitler sous son étendard avait rassemblé une grande partie de l’Europe pour faire la guerre contre l’Union soviétique », a-t-il dit, lors d’un déplacement en Azerbaïdjan.

« Aujourd’hui, l’UE et l’OTAN rassemblent une telle coalition contemporaine pour lutter et, dans une large mesure, faire la guerre à la Russie », a-t-il ajouté.

Moscou considère que les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine sont une manière de mener un conflit par procuration contre la Russie.

Les dirigeants des Vingt-Sept ont reconnu jeudi, lors d’un sommet, à l’Ukraine et à la Moldavie, deux ex-républiques soviétiques pro-occidentales, le statut de candidat à l’UE. Cette décision marque le début d’un processus long et complexe en vue d’une adhésion.

La Géorgie, qui veut également rejoindre l’UE, devra elle encore faire des réformes pour obtenir ce statut.  

Une vaste manifestation des aspirations européennes de ce pays du Caucase est prévue vendredi soir dans la capitale géorgienne, Tbilissi.