(New York) Il rappe. Il récolte les éloges de Tucker Carlson et d’Elon Musk. Et il grimpe dans les sondages, au point où des alliés de Ron DeSantis conseillent à ce dernier de lui asséner un coup de massue, métaphoriquement parlant, à l’occasion du premier débat entre les candidats républicains à la présidence, prévu mercredi soir à Milwaukee.

On serait tenté de dire que le Parti républicain vit son moment Vivek Ramaswamy. Vivek qui ? Ne vous en faites pas si vous ne connaissez pas ce nom, vous êtes en bonne compagnie. De nombreux Américains n’ont jamais entendu parler de cet entrepreneur de 38 ans qui a fait fortune en orchestrant, à 29 ans, la plus grande introduction en Bourse de l’histoire de l’industrie biotechnologique. Tout ça grâce à la promesse d’un médicament contre l’alzheimer qui s’est avéré un échec spectaculaire.

Mais un nombre croissant d’électeurs républicains se passionnent pour ce néophyte politique à la coiffure bouffante, au verbe facile et aux idées aussi MAGA, sinon plus, que celles de Donald Trump, auquel il promet d’ailleurs la grâce présidentielle après son élection à la Maison-Blanche, si nécessaire.

Selon un sondage réalisé pour Fox News et publié mercredi dernier, Vivek Ramaswamy s’est hissé au troisième rang parmi les aspirants républicains à la présidence, récoltant 11 % d’appuis, contre 16 % pour Ron DeSantis, qui le devançait par 17 points de pourcentage dans le sondage précédent de la chaîne conservatrice.

Un autre sondage, publié la semaine dernière par Cygnal, une boîte républicaine, place le natif de Cincinnati au deuxième rang, très loin derrière Donald Trump, mais 1 point de pourcentage devant le gouverneur de Floride.

D’où la question : Vivek Ramaswamy est-il en passe de remplacer Ron DeSantis comme solution de rechange la plus crédible à l’ancien président ? Avant d’aller plus loin, un bémol : les républicains se sont déjà épris de candidats marginaux qui ont grimpé dans les sondages jusqu’au sommet avant de retourner dans les bas-fonds. Pensons à Michele Bachmann et à Herman Cain en 2012.

Un premier débat à suivre

Mais le premier débat entre les candidats républicains à la présidence pourrait être instructif. Chose certaine, les plus proches alliés de Ron DeSantis veulent qu’il profite de l’occasion pour « donner un coup de massue » à son rival venu de nulle part en l’appelant « Fake Vivek » ou « Vivek the Fake ». Ce conseil se trouve dans une note sur la stratégie que le gouverneur de Floride devrait adopter à Milwaukee, selon Never Back Down, un groupe politique qui le soutient.

Vivek Ramaswamy a réagi à la publication étonnante de cette note en traitant son adversaire de « marionnette » et de « Ron le robot ». Il faut dire que le diplômé de Harvard et de Yale n’est jamais à court de mots.

« J’espère que vous reviendrez souvent, car vous êtes l’un des plus grands orateurs que nous ayons jamais eus », a déclaré Tucker Carlson lors d’une entrevue que le candidat lui a accordée la semaine dernière dans le cadre de l’émission Tucker on Twitter.

Vivek Ramaswamy respire aussi la confiance comme pas un. Il en a donné une illustration lors de la foire d’État d’Iowa en rappant les paroles de Lose Yourself, une chanson d’Eminem, devant des électeurs républicains de cet État rural du Midwest.

Mais ce sont ses idées qui retiennent surtout l’attention. Des idées qu’il a notamment exprimées dans Woke Inc., manifeste publié en 2022 contre l’attitude vertueuse des entreprises en matière de changement climatique et de justice raciale. Livre qui lui a valu plusieurs apparitions sur Fox News, où il a pu dénoncer à loisir le « totalitarisme culturel » qui menace selon lui les États-Unis.

PHOTO STEFANI REYNOLDS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Vivek Ramaswamy rappe lors de la foire d’État d’Iowa, à Des Moines, le 12 août dernier.

En campagne, il oppose au wokisme ses « 10 commandements », qu’il récite au début de ses discours. En voici quatre : « Dieu est réel » ; « Il y a deux genres » ; « L’épanouissement de l’homme nécessite des combustibles fossiles » ; « La famille nucléaire est la plus grande forme de gouvernance connue de l’humanité ».

Ses propositions sont toutes plus controversées, voire provocatrices, les unes que les autres. Il suggère de hausser l’âge du vote de 18 à 25 ans pour tous les jeunes qui ne passent pas un test de citoyenneté ou qui n’ont pas servi six mois dans l’armée ou comme premier répondant. En dépit de l’histoire de sa famille – ses parents sont originaires du Kerala, en Inde –, il prône l’élimination du droit constitutionnel à la citoyenneté de naissance. Il veut aussi utiliser l’armée américaine pour combattre les cartels mexicains, concéder à la Russie les territoires conquis en Ukraine et réduire la bureaucratie américaine de 75 %.

« Prometteur », croit Musk

« C’est un candidat très prometteur », a écrit Elon Musk sur X après avoir entendu ses réponses aux questions de Tucker Carlson.

Dans cette entrevue, Vivek Ramaswamy a notamment évoqué son désir de combler le « vide » au cœur de la vie américaine. Thème qu’il a abordé jeudi dernier lors d’un discours à la Bibliothèque présidentielle de Richard Nixon, à Yorba Linda, en Californie.

« Je crois que nous sommes aujourd’hui en pleine crise d’identité nationale, a-t-il dit. La foi, le patriotisme, le travail, la famille : ces choses ont disparu pour être remplacées par de nouvelles religions séculières : le wokisme, le transgenrisme, le climatisme, le covidisme, le mondialisme. Dépression, anxiété, fentanyl, suicide, ce sont les symptômes d’une absence plus profonde de mission et de sens dans notre pays. Je m’adresse à vous aujourd’hui en tant que membres de ma génération. J’ai 38 ans. Je suis le plus jeune candidat à la présidence des États-Unis, en tant que républicain. »

Les membres de l’audience l’ont interrompu brièvement en l’applaudissant. S’il était élu à la Maison-Blanche – il évalue ses chances à « plus de 50 % » –, Vivek Ramaswamy deviendrait aussi le plus jeune président de l’histoire.