(New York) Ce n’est pas la fin du feuilleton Hunter Biden, seulement celle d’un chapitre particulièrement long.

Cinq ans après son ouverture, l’enquête criminelle du département de la Justice sur les affaires du fils du président a connu mardi un dénouement qui a soulagé les alliés de l’occupant de la Maison-Blanche et indigné de nombreux républicains, dont Donald Trump.

En vertu d’un accord conclu entre la justice américaine et Hunter Biden, ce dernier plaidera coupable à deux infractions fiscales mineures et évitera une poursuite pour détention illégale d’une arme à feu, selon un document déposé par le procureur responsable du dossier.

La reconnaissance de culpabilité de Hunter Biden, 53 ans, porte sur le non-paiement de ses impôts pour les années 2017 et 2018. Dans le cadre de l’accord, le fils du président américain sera mis en probation.

Hunter Biden sera par ailleurs accusé d’avoir acheté en 2018 une arme de poing au cours d’une période où il fumait du crack plusieurs fois par jour, ce qui constitue une violation de la loi sur les armes à feu. Mais il n’aura pas à avoir un procès dans cette affaire s’il ne touche pas à la drogue pendant 24 mois et s’il accepte de ne plus jamais détenir une arme à feu.

Un juge fédéral devra entériner l’accord entre les deux parties. Hunter Biden, lui, devra comparaître devant un tribunal fédéral du Delaware pour formuler sa reconnaissance de culpabilité.

En attendant, ses parents ont réagi avec sobriété à la nouvelle de la journée.

« Le président et la première dame aiment leur fils et le soutiennent alors qu’il continue à reconstruire sa vie. Nous ne ferons aucun autre commentaire », a déclaré Ian Sams, porte-parole de la Maison-Blanche, dans un communiqué diffusé peu après l’annonce de l’accord.

« Des questions infondées et farfelues »

David Brock, fondateur du groupe Facts First USA, dont l’objectif est de contrer les enquêtes des républicains du Congrès sur les Biden, a adopté un ton plus combatif.

« Cette affaire a fait l’objet d’une enquête de la part de plusieurs agences chargées de l’application de la loi et d’innombrables médias depuis plus d’une demi-décennie », a déclaré celui qui a également fondé le groupe Media Matters. « Hunter ne sera inculpé pour aucune des questions infondées et farfelues que les républicains et les médias de droite ont utilisées pour le salir pendant des années. »

En remboursant la totalité de ses impôts non payés en 2021 – environ 1 million de dollars –, Hunter Biden s’était placé en bonne position pour négocier un accord avec la justice américaine.

Par ailleurs, l’acquisition illégale d’une arme à feu par un toxicomane mène rarement à des accusations criminelles, surtout lorsque la personne en proie à une dépendance se soumet à une cure de désintoxication, selon les experts.

Néanmoins, les républicains ont vu dans l’accord annoncé par le département de la Justice une injustice.

« Le département de la Justice corrompu de Biden vient d’effacer des centaines d’années de responsabilité pénale en donnant à Hunter Biden une simple “contravention”. Notre système est défaillant », a dénoncé Donald Trump sur Truth Social.

« C’est l’exemple même de la politisation et de l’instrumentalisation du département de la Justice de Joe Biden, qui donne une tape sur les doigts au fils du président Biden, un fraudeur fiscal et un criminel corrompu à la solde du pouvoir », a déclaré de son côté la représentante républicaine de New York, Elise Stefanik, numéro trois de son parti à la Chambre des représentants.

Procureur nommé par Trump

Ces dénonciations font fi du fait que l’enquête sur les affaires de Hunter Biden a été menée par David Weiss, procureur des États-Unis au Delaware qui a été nommé par Donald Trump lui-même. Joe Biden l’a maintenu à son poste pour ne pas être accusé d’ingérence.

Depuis le début de l’enquête, Weiss et son équipe ont examiné les affaires de Hunter Biden sur une période de 15 ans. Ils ont ainsi tenté de déterminer si le fils du président avait commis des crimes dans les pays où il a travaillé ou conclu des transactions, y compris l’Ukraine et la Chine.

De toute évidence, ils n’ont pas trouvé de preuves susceptibles de confirmer les allégations les plus sensationnelles de Donald Trump et de ses alliés du Congrès.

Ce printemps, ces derniers ont notamment insinué que Joe Biden avait reçu un pot-de-vin de 5 millions de dollars alors qu’il était vice-président. En échange de cet argent, le futur président devait aider la société d’énergie Burisma à se débarrasser du procureur général d’Ukraine de l’époque.

Les républicains ont appuyé leurs allégations sur une source du FBI à laquelle l’ancien procureur général des États-Unis, William Barr, également nommé par Donald Trump, et David Weiss ne semblent pas avoir cru, au bout du compte.

Une « famille criminelle »

Qu’à cela ne tienne : après l’annonce de l’accord entre la justice américaine et Hunter Biden, les républicains de la Chambre ont promis de poursuivre leur enquête sur les affaires des Biden, qu’ils accusent de former une « famille criminelle ».

« Nous n’aurons de cesse que ne soit révélée toute l’étendue de l’implication du président Biden dans les magouilles de la famille », a déclaré le représentant républicain du Kentucky, James Comer, président de la commission de surveillance et de réforme de la Chambre.

Hunter Biden a empoché des millions de dollars grâce à son travail et à ses transactions à l’étranger, notamment en Ukraine et en Chine. Personne ne met en doute le fait qu’il a profité de son nom pour s’enrichir, fait qui a d’ailleurs troublé des conseillers de Barack Obama à l’époque.

Mais personne n’a encore prouvé qu’il ait commis des actes criminels dans la conduite de ses affaires à l’étranger ou que son père en ait profité. Dans le prochain chapitre du feuilleton Hunter Biden, les républicains du Congrès se promettent de sortir les preuves.