(New York) Jessica Leeds, une octogénaire américaine, a raconté mardi avoir été agressée sexuellement par Donald Trump dans un avion à la fin des années 1970, lors du procès civil à New York où l’ancien président américain est accusé de viol et diffamation par l’autrice E. Jean Carroll.

Âgée de 81 ans, Mme Leeds a relaté devant le tribunal fédéral de Manhattan comment, « en 1978-79 », dans un avion pour New York, elle s’était extirpée de son siège en première classe parce que l’homme d’affaires avait tenté de l’embrasser dans le cou, puis avait posé ses mains sous sa jupe.

Selon son récit, Donald Trump s’était présenté, mais ils n’avaient pas engagé de conversation. « Il n’y a pas eu de discussion, c’est venu de nulle part […] Il a tenté de m’embrasser, d’attraper mes seins », a ajouté Jessica Leeds, à l’époque âgée de 37 ans, et qui travaillait comme responsable des ventes pour un groupe d’imprimerie.

Devant les neuf jurés, Jessica Leeds a expliqué sous serment qu’elle avait trouvé la force de se lever et de partir quand Donald Trump avait « posé ses mains sous ma jupe ». La scène s’était déroulée en quelques « secondes », sans qu’aucune hôtesse de l’air ne semble s’en apercevoir, selon elle, puis Jessica Leeds avait gagné un autre siège.

Elle était déjà sortie du silence en 2016 dans le New York Times et Donald Trump avait démenti ces accusations. Durant un rassemblement, dont les jurés ont visionné les images, il avait ajouté : « croyez-moi, elle ne serait pas mon premier choix ».

Trump absent

Jessica Leeds était invitée à témoigner par les avocats d’E. Jean Carroll, 79 ans, qui accuse l’ancien président des États-Unis de l’avoir violée dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais en 1996. Appelée à témoigner pendant plusieurs heures la semaine dernière, elle en a livré un récit détaillé, que les avocats de Donald Trump ont tenté de mettre en doute, en s’étonnant par exemple qu’elle n’ait jamais crié ou appelé au secours.  

L’ancien président américain, qui veut reconquérir la Maison-Blanche en 2024, ne se présentera pas au procès, a confirmé mardi l’un de ses avocats, Joe Tacopina. Le milliardaire républicain rejette les accusations et affirme n’avoir jamais rencontré E. Jean Carroll, à l’époque chroniqueuse pour le magazine Elle.

Les avocats de la plaignante veulent citer encore une autre femme parmi celles qui ont accusé dans le passé le milliardaire républicain d’agression sexuelle.

Jessica Leeds a expliqué qu’elle n’était sortie du silence qu’en 2016, quand Donald Trump avait affirmé, lors d’un débat présidentiel contre Hillary Clinton, qu’il « respectait les femmes » et n’avait jamais commis d’agression sexuelle.  

Les jurés ont pu visionner cette séquence télévisée, durant laquelle le candidat républicain avait dû se défendre après la diffusion de propos insultants à l’égard des femmes.

« La vérité »

Mardi, une amie d’E. Jean Carroll, la chroniqueuse Lisa Birnbach, a aussi corroboré le récit de la plaignante.  

Elle a confirmé qu’E. Jean Carroll l’avait appelée juste après les faits présumés, en 1996, pour lui confier que Donald Trump l’avait « agressée ».

« Je veux que le monde sache qu’elle disait la vérité », a affirmé Lisa Birnbach.  

La défense de Donald Trump a tenté de démontrer qu’elle était animée par un but politique, en citant ses propos peu amènes sur l’ancien président dans des balados. Elle l’avait qualifié de « sociopathe narcissique » d’« agent russe » et d’« employé de Poutine », des commentaires qu’elle a assumés mardi.

Donald Trump n’est pas poursuivi au pénal pour viol dans cette affaire.  

E. Jean Carroll a porté plainte pour « agression » et « diffamation » – pour des propos de Donald Trump à son encontre – en se fondant sur une loi de novembre dernier de l’État de New York qui rend possibles des poursuites au civil pour des affaires d’agressions sexuelles prescrites au pénal.

Elle réclame une réparation financière que devra fixer le jury s’il lui donne gain de cause.