(Washington) Le département américain de la Justice a donné vendredi pour instruction aux procureurs américains de ne pas traiter différemment les auteurs de délits liés à la cocaïne et ceux impliquant du crack, après des décennies de disparités au cours desquelles les Afro-Américains ont été plus souvent et plus longtemps emprisonnés que les Blancs aux États-Unis.

Dans une directive adressée à ses services, le procureur général Merrick Garland a déclaré qu’il n’y avait aucune raison de traiter les deux drogues différemment.

« La science ne démontre tout simplement pas de différence entre le crack et la cocaïne, car il n’y a pas de différence pharmacologique significative entre les deux drogues », précise-t-il dans cette directive rendue publique par le ministère.

Lorsque le crack, un dérivé de la cocaïne, a déferlé aux États-Unis dans les années 1980 et 1990, le Congrès a adopté une loi – dont les contours ont été dessinés par l’ancien sénateur et actuel président Joe Biden – mettant en place des peines plus sévères pour le trafic ou la possession de cette drogue, que celles en vigueur pour la cocaïne.  

La loi prévoyait jusqu’à cinq ans de prison pour une personne en possession de 500 grammes de cocaïne, alors qu’il suffisait d’avoir cinq grammes de crack pour se voir infliger la même peine, et justifiait cette disparité par l’impact plus intense du crack, selon l’organisation The Sentencing Project.

La possession de crack entraînait une peine de prison obligatoire pour la première infraction portant sur plus de cinq grammes.  

À cette époque, le crack était répandu au sein de la communauté afro-américaine, alors que la cocaïne était plus commune dans les quartiers privilégiés et blancs, selon The Sentencing Project.

Résultat, les personnes noires étaient plus souvent condamnées à de longues peines d’emprisonnement pendant « l’épidémie du crack », gonflant les populations carcérales pendant de longues périodes.

En 2010, une loi a abrogé la peine d’emprisonnement obligatoire, mais la possession de crack était encore jugée beaucoup plus sévèrement que celle de cocaïne. En 2018, Donald Trump a signé un nouveau texte législatif permettant aux consommateurs et trafiquants de crack de faire appel.

Mais dans son mémo, Merrick Garland, nommé par le président Joe Biden, a expliqué que « la différence de peine (dans les affaires de) crack et de cocaïne est encore responsable de disparités ethniques injustifiées dans les condamnations ».

M. Garland a ajouté que l’administration Biden soutenait une proposition de loi visant à modifier les peines. Ce texte a été présenté au Congrès en janvier 2021, mais n’a pas progressé.