(Burlington et Washington) Bernie Sanders s’accroche : le sénateur « socialiste » a annoncé mercredi qu’il restait en lice pour l’investiture démocrate en dépit d’une série de défaites face à Joe Biden, grand favori pour affronter Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Après de nouveaux cuisants revers mardi soir lors des primaires, en particulier dans l’État du Michigan, la figure de proue de la gauche américaine a finalement décidé de poursuivre, au moins pour l’heure, l’aventure.

Les deux candidats septuagénaires se retrouveront donc dimanche pour un débat dans l’Arizona qui sera scruté avec une attention toute particulière.

« Nous gagnons le débat générationnel », a lancé, combatif, « Bernie » depuis sa ville de Burlington dans l’État du Vermont, insistant sur les très bons scores qu’il enregistre auprès des jeunes Américains.

Évitant toute attaque personnelle vis-à-vis de son « ami » Joe Biden, il a semblé laisser la porte ouverte à un rassemblement pour battre le « dangereux » Donald Trump, appelant l’ancien vice-président à prendre en compte ses idées.

« Pour gagner à l’avenir, il sera indispensable de gagner la confiance des électeurs qui représentent l’avenir et d’aborder les questions qui les préoccupent », a-t-il lancé.

Si le sénateur de 78 ans a, comme il y a quatre ans, su électriser les foules autour de ses promesses d’assurance-maladie universelle et d’études gratuites, il n’a pas réussi à transformer l’essai et en particulier à susciter l’adhésion auprès des Afro-Américains, un électorat-clé pour les démocrates.  

Après une série de victoires dans le Mississippi, le Missouri, l’Idaho et le Michigan, Joe Biden, 77 ans, est désormais en très bonne position pour porter les couleurs du parti démocrate lors du scrutin du 3 novembre.  

Les jours à venir s’annoncent périlleux pour le camp démocrate, hanté par le souvenir de 2016 où l’acrimonie entre les équipes de Bernie Sanders et d’Hillary Clinton lui avait coûté cher.

Joe Biden saura-t-il trouver les mots pour séduire les électeurs de Bernie Sanders qui déplorent son manque d’audace ? Reprendra-t-il à son compte des mesures – fortes ou symboliques – mises en avant par le sénateur du Vermont ?

« Efforts réciproques »

Pour Julian Zelizer, professeur d’histoire à l’université de Princeton, les deux septuagénaires devront faire un pas l’un vers l’autre.  

« Oui, il sera crucial que Sanders mobilise sa base électorale derrière le candidat. Mais Biden devra faire un geste envers le mouvement enthousiaste de Sanders. Cela demandera des efforts réciproques », soulignait-il sur Twitter.

Certaines personnalités, telles que l’étoile montante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, soutien actif de « Bernie », pourraient jouer un rôle d’intermédiaire.

« C’est plus qu’un “come-back”, selon moi », a affirmé Joe Biden mardi soir, « c’est un “come-back” pour l’âme de la Nation », qu’il a promis de « restaurer » en l’emportant sur l’ancien homme d’affaires de New York.

Louant l’« énergie » et la « passion » des troupes du sénateur socialiste, il a tendu la main à Bernie Sanders. « Nous avons le même but et ensemble, nous battrons Donald Trump, nous rassemblerons ce pays ».

L’ancien vice-président a confirmé sa capacité à s’imposer très largement dans le sud des États-Unis. Et sa large avance dans un bastion industriel du Midwest comme le Michigan est aussi encourageante pour les démocrates, qui espèrent s’y imposer en novembre face à Donald Trump pour retrouver la Maison-Blanche.

Après plus de trente-cinq ans comme sénateur et huit ans comme bras droit de Barack Obama, Joe Biden, connu pour ses gaffes à répétition et ses faux-pas, devra cependant faire taire les interrogations sur son état de santé. Car Donald Trump a déjà prévenu : il l’attaquera sans relâche sur ce thème.

Rassemblements annulés

Une inconnue pèse sur le long marathon électoral à venir : l’évolution de l’épidémie de coronavirus aux États-Unis.

Par mesure de précaution, Joe Biden et Bernie Sanders avaient pour la première fois mardi soir annulé leurs rassemblements, dans l’Ohio.

L’ancien vice-président a depuis annoncé mercredi que deux prochains rassemblements, vendredi à Chicago et lundi à Miami, seraient « transformés en événements en ligne ». Le candidat compte depuis mercredi sur une équipe spécialement dédiée à réduire les risques de contagion au coronavirus sur le terrain de campagne.  

Donald Trump, qui avait jusqu’ici plutôt minimisé la menace, s’exprimera mercredi soir depuis la Maison-Blanche pour annoncer une série de mesures, à la fois économiques et sanitaires, face à l’épidémie de coronavirus.