(Washington) Les deux principaux responsables du Pentagone ont assuré vendredi que le gouvernement américain n’avait pas caché ses doutes sur sa capacité à gagner la guerre en Afghanistan, comme l’a conclu récemment le Washington Post à l’issue d’une grande enquête.

Le secrétaire à la Défense Mark Esper et le chef d’état-major, le général Mark Milley, ont rejeté l’enquête du quotidien, qui montrait que les responsables militaires et civils américains avaient assuré publiquement depuis 2002 qu’ils faisaient des progrès contre les insurgés en Afghanistan, tout en admettant le contraire en privé.

«Je sais qu’on dit qu’il y a eu une sorte de mensonge coordonné pendant 18 ans», a déclaré le général Milley au cours d’une conférence de presse. «Je pense que c’est une mauvaise interprétation.»

«Je sais que comme beaucoup d’autres, j’ai porté des jugements sur la base des informations que je détenais», a ajouté ce général de l’armée de terre qui a combattu à trois reprises en Afghanistan. «Il s’agissait de jugements honnêtes, et ils n’ont jamais été destinés à tromper le Congrès ou le peuple américains».

AP

Mark Esper et Mark Milley.

Pour sa part, M. Esper a souligné que la guerre en Afghanistan avait été observée de près par de multiples délégations du Congrès, par les enquêtes de l’Inspection générale spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) et par de nombreux journalistes.

«Donc avec tous ceux qui ont suivi ce conflit au fil des années, insinuer qu’il y ait pu avoir ce genre de conspiration est, pour moi, ridicule», a-t-il ajouté.

L’enquête du Washington Post, publiée la semaine dernière, était basée sur des milliers de documents émanant du SIGAR, créée en 2008 pour enquêter sur les dépenses abusives liées à ce pays, et obtenus après trois ans de recours en justice.

Les entretiens avec des responsables impliqués dans l’effort de guerre et de reconstruction évoquent un budget dépensé sans contrôle, dans un pays sans gouvernement central fort, qui a alimenté une corruption généralisée et mené la population à rejeter la coalition internationale pour se tourner vers les talibans.

Le général Milley a souligné que l’opération militaire américaine en Afghanistan lancée moins d’un mois après les attentats du 11-Septembre, était avant tout destinée à s’assurer que le pays ne puisse servir de nouveau d’abri à des groupes terroristes pour lancer des attaques contre les États-Unis.

«C’est ce que nous avons entrepris et jusqu’à maintenant, nous avons réussi», a-t-il noté.

Soulignant que la situation sur le terrain ne peut se résoudre que par une solution négociée entre le gouvernement afghan et les Talibans, il a souligné que les États-Unis avaient «un intérêt vital de sécurité nationale» à rester dans le pays.

«Nos soldats, nos marins, nos aviateurs et nos marines qui ont donné leur vie en Afghanistan n’ont pas donné leur vie en vain», a-t-il conclu.