Le président des États-Unis Barack Obama a nommé un diplomate au poste d'ambassadeur en Birmanie qui, s'il est confirmé par le Sénat, deviendra le premier Américain à occuper ce poste dans ce pays depuis plus de 20 ans, a annoncé jeudi la Maison-Blanche.

Le candidat de M. Obama est Derek Mitchell, jusqu'ici émissaire spécial des États-Unis pour la Birmanie, pays où les intérêts américains sont actuellement représentés par un chargé d'affaires.

Washington avait rappelé son ambassadeur de Birmanie après la répression par la junte militaire d'un soulèvement populaire en faveur de la démocratie en 1988.

Cette annonce est intervenue peu après que Washington eut décidé de lever certaines restrictions aux investissements en Birmanie pour encourager les réformes. Le cadre des sanctions américaines contre le pays reste toutefois en place pour l'instant, M. Obama l'ayant renouvelé pour au moins un an jeudi.

«Nous permettrons certains types d'investissement dans les services financiers afin de permettre aux entreprises de faire des affaires en Birmanie», a déclaré jeudi à l'AFP un haut responsable américain, tout en soulignant que Washington continuerait à imposer des sanctions aux personnes liées à l'ancienne junte.

«Il s'agit d'une reconnaissance des progrès (effectués), il s'agit d'une reconnaissance du fait qu'ouvrir davantage la porte à des échanges économiques entre nos deux pays est important pour soutenir les réformateurs», a ajouté ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Plus tôt jeudi, le président Barack Obama avait annoncé avoir reconduit pour au moins un an le cadre juridique des sanctions contre la Birmanie en soulignant que les réformes engagées étaient encore à l'état «embryonnaire».

«Le gouvernement birman a fait des progrès dans de nombreux domaines, dont la libération de centaines de prisonniers politiques, le fait de discuter de cessez-le-feu avec plusieurs groupes ethniques armés ainsi qu'avec le principal groupe d'opposition en faveur de la démocratie», a noté M. Obama.

«Les États-Unis s'engagent à soutenir les efforts de réforme entrepris par la Birmanie, mais la situation en Birmanie continue à représenter une menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale et à la politique étrangère des États-Unis», a ajouté M. Obama, employant l'expression consacrée pour justifier la situation «d'urgence nationale», cadre juridique préalable aux sanctions.

«La Birmanie a effectué des avancées importantes, mais l'ouverture politique est embryonnaire, et nous continuons à être inquiets, notamment au sujet des prisonniers politiques qui subsistent, des conflits en cours, et de graves violations des droits de l'homme» vis-à-vis de certaines ethnies, a encore précisé le président.

Selon le responsable précité, les États-Unis souhaitent maintenir le cadre général de ces sanctions pour encourager les réformes, et pouvoir agir rapidement en cas de «rétropédalage» du gouvernement birman.

Mercredi, l'opposante birmane Aung San Suu Kyi s'était dite prête à accepter une suspension des sanctions contre son pays, mais avait averti que les changements politiques et les signes d'ouverture du régime n'étaient pas «irréversibles». Elle avait conseillé «d'agir avec précaution» et mis en garde contre un excès d'optimisme.

Lundi, le sénateur John McCain avait souhaité que les États-Unis gèlent temporairement la plupart des sanctions imposées à la Birmanie comme certains pays l'ont déjà fait et comme d'autres envisagent de le faire.

Le gouvernement qui a succédé à la junte en mars 2011, mais demeure contrôlé par les militaires, a multiplié les signes d'ouverture et permis des progrès en matière de droits de l'homme et de démocratie.

L'un des signes de cette ouverture a été l'élection au Parlement de Mme Suu Kyi, qui avait été placée de longues années en résidence surveillée.