Barack Obama entame lundi une importante tournée de trois jours au coeur du Midwest, une terre plutôt rurale qui avait contribué à son élection il y a trois ans. Cette tournée en autocar dans le Minnesota, l'Iowa et l'Illinois devrait permettre au président américain de prendre la population à témoin après la bataille acharnée au Capitole sur la réduction budgétaire. Mais il ne pourra s'en contenter, la préoccupation de ses compatriotes devant une conjoncture dégradée ne cessant de s'accroître. Aussi, beaucoup voient dans ce déplacement une répétition générale avant les élections de l'automne 2012.

L'ancien sénateur de l'Illinois ne manquera pas de confier aux électeurs qu'il partage leurs frustrations envers un appareil fédéral dysfonctionnel. «Vous avez toutes les raisons d'être frustrés, comme je le suis, parce que vous méritez mieux. Je ne pense pas que ce soit trop demander que d'attendre des gens que vous avez élus qu'ils tiennent leurs engagements», a-t-il lancé samedi lors de son allocution hebdomadaire.

M. Obama en a profité pour faire valoir les initiatives qu'il défendait en matière économique comme les accords commerciaux, l'amélioration du système des brevets d'invention ou la prolongation d'une remise fiscale permettant aux salariés de diminuer leur contribution à la Social Security (retraite fédérale). «Voilà des choses qu'on peut faire maintenant. Alors, faisons-les», a-t-il martelé.

En 2008, Barack Obama avait remporté sans coup férir l'Iowa, le Minnesota, le Wisconsin, l'Illinois et le Michigan, États d'un Midwest qui a toujours soutenu les candidats démocrates depuis 2000, à l'exception de la courte victoire de George W. Bush dans l'Iowa en 2004.

Mais le soutien du président dans cette région recule (environ 50%) et trois de ces cinq États ont désormais un gouverneur républicain à leur tête. Deux des principaux rivaux de M. Obama, Tim Pawlenty et Michele Bachmann, viennent du Minnesota.

«On a un président qui vient d'essuyer une dégradation de la note de la dette souveraine de notre pays et cela tout simplement parce qu'il ne sait pas diriger et comment faire croître une économie», avait lancé Mitt Romney jeudi dernier. Lorsque M. Obama rencontrera lundi après-midi les habitants de Decorah (Iowa), nul doute qu'il essuiera aussi des flèches du nouvel entrant dans les primaires républicaines, Rick Perry, lequel se trouvera au même moment à 160km au sud-ouest, à Des Moines, capitale de l'Iowa.

Dans les sondages, Barack Obama a des scores comparables à Ronald Reagan en août 1983. Mais de récentes enquêtes de Gallup montrent que sa cote de confiance oscille entre 44 et 49% dans les dix États les plus scrutés par ses conseillers, dont l'Iowa, la Pennsylvanie, la Virginie et la Floride. Sa cote auprès des électeurs dits indépendants, qui lui ont donné un vrai coup de main en 2008 dans des États traditionnellement républicains comme l'Indiana et la Caroline du Nord, recule également.

Si la thématique de 2008 tournait autour de l'espoir et du changement, 2012 va se résumer à une bagarre politique beaucoup moins idéaliste... En coulisse, les conseillers du président commencent à fourbir leurs arguments contre les principaux rivaux du GOP. Mais il ne faudrait pas oublier son électorat et l'aile gauche de son parti, qui l'exhortent à créer plus d'emplois et accroître la pression fiscale sur les plus fortunés. La plupart des dirigeants démocrates, déplore Justin Ruben du mouvement progressiste MoveOn.org, «n'ont pas encore proposé de vrai remède pour relancer l'économie».

Une route que Barack Obama a déjà commencé à emprunter. Il avait ainsi lancé jeudi dernier devant des ouvriers du Michigan qu'il comptait bien mettre en oeuvre une politique «qui aidera les entreprises à embaucher et à remettre les gens au travail».