L'Afghanistan représente désormais «le plus grand défi militaire» des Etats-Unis, a estimé mardi le secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, tout en prévenant que Washington devait se fixer des «objectifs limités et réalistes», sous peine d'essuyer une défaite.

Lors d'une audition au Sénat, M. Gates, seul membre de l'administration Bush à avoir été reconduit dans ses fonctions, a par ailleurs averti des risques de «revers» en Irak.

Ces propos interviennent alors que le président américain Barack Obama doit effectuer cette semaine sa première visite au Pentagone, afin d'évoquer avec son état-major un possible retrait des troupes d'Irak en 16 mois et l'envoi d'importants renforts en Afghanistan, la guerre dont il a fait sa priorité.

«L'Afghanistan représente aujourd'hui notre plus grand défi militaire», a assuré M. Gates au Congrès.

Les violences des insurgés afghans, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de près de 70.000 soldats étrangers.

Les Etats-Unis envisagent désormais de quasiment doubler leur contingent sur place, avec 30.000 soldats supplémentaires.

Selon M. Gates, le Pentagone a les moyens d'envoyer trois brigades (entre 3.500 et 4.000 hommes) «d'ici le milieu de l'été».

«Comme en Irak, il n'existe pas de solution purement militaire en Afghanistan», a souligné M. Gates, mais «nous n'avons pas eu assez de troupes pour fournir un niveau de sécurité minimum dans certaines des zones les plus dangereuses -- un vide progressivement rempli par les talibans».

«Ce sera sans aucun doute une bataille longue et difficile», a ajouté M. Gates, tout en plaidant en faveur d'«objectifs limités et réalistes» en Afghanistan, et en soulignant l'importance de limiter le nombre de victimes civiles afghanes. «Sinon nous perdrons».

«J'estime que notre objectif premier est d'éviter que terroristes et extrémistes utilisent l'Afghanistan comme base pour attaquer les Etats-Unis et nos alliés», a-t-il fait valoir.

Mais «il faut que cette guerre ait un visage afghan», a-t-il affirmé, en insistant sur l'importance de développer les forces de sécurité afghanes, et en se disant «profondément sceptique» concernant l'envoi de renforts américains supplémentaires, en sus de ceux sur le point d'être annoncés.

Il a par ailleurs affirmé que Washington continuerait de pourchasser Al-Qaïda «où qu'ils soit», alors que les tirs de missile, américains selon Islamabad, se poursuivaient dans le nord-ouest du Pakistan, où Al-Qaïda et les insurgés talibans disposent d'importantes bases arrières.

Concernant l'Irak, où sont stationnés 142.000 soldats américains, le secrétaire à la Défense a estimé mardi qu'il existait encore un risque potentiel de «revers», et jugé que Washington devait s'attendre à rester durablement «impliqué» dans le pays.

«Même si le niveau de violences demeure bas, il existe toujours un risque potentiel de revers -- et nos troupes risquent de connaître des jours difficiles», a-t-il prévenu.

«Même si notre présence militaire se réduit au fil du temps, nous devrions nous attendre à être impliqués en Irak à un certain niveau pendant de nombreuses années», a-t-il ajouté.

Le président Obama a promis pendant sa campagne un retrait des troupes de combat d'Irak dans les 16 mois après sa prise de fonction, et demandé au lendemain de son investiture à ses responsables militaires d'accélérer la planification d'«un retrait d'Irak de manière responsable».

M. Gates a confirmé mardi que ce retrait en 16 mois faisait partie d'une «variété d'options» à l'étude.

Un accord signé fin novembre entre les Etats-Unis et l'Irak prévoit un retrait des troupes américaines d'ici fin 2011.