La mort d'une femme tuée par des tirs à Marioupol et des bruits de bombardement aux abords de l'aéroport de Donetsk ont fragilisé dimanche un cessez-le-feu en Ukraine alors que l'Union européenne doit formellement adopter lundi de nouvelles sanctions contre la Russie.

Cette trêve annoncée vendredi à Minsk et destinée à mettre fin à cinq mois de combats dans l'est de l'Ukraine qui ont fait 2600 morts et provoqué un demi-million de réfugiés et déplacés n'a d'ailleurs pas convaincu les Occidentaux.

Ayant accusé ces derniers jours la Russie d'avoir déployé des troupes régulières dans la région les 28 États membres de l'Union européenne doivent approuver formellement lundi de nouvelles sanctions économiques contre la Russie qui entreront probablement en vigueur mardi.

Mettant de l'huile sur le feu, un porte-parole militaire ukrainien Volodymyr Poliovyï a fait état dimanche d'une colonne d'armes russes dans la région rebelle de Lougansk comprenant «des chars T-72 et des systèmes de missile antiaérien Strela et Vitiaz». Moscou a toujours démenti toute implication sur le terrain.

Le protocole de cessez-le-feu signé vendredi à Minsk, et rendu public dimanche par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) stipule un «statut spécial» pour les régions contrôlées par les séparatistes et des élections pour les régions de Donetsk et de Lougansk, fiefs des rebelles prorusses.

En dépit des violations de la trêve, ce statut devrait être discuté à Minsk d'ici une semaine, a indiqué le «premier ministre» de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, qui voudrait ajouter à l'accord déjà scellé «la reconnaissance de (leur) indépendance».

À Marioupol, dernière grande ville de la région encore sous contrôle ukrainien après de nombreux revers face aux rebelles prorusses, une femme a été tuée et trois habitants ont été blessés dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé la mairie de ce port stratégique du sud-est.

Selon les autorités locales, des insurgés, qui tentent depuis plusieurs jours de donner l'assaut, ont tiré dans la nuit sur un barrage à la sortie est de la ville et détruit une station-service.

Dimanche, le calme était revenu à Marioupol, mais les signes des combats de la nuit étaient visibles près du point de contrôle ukrainien. Un camion totalement détruit brûlait au bord de la route et plusieurs bâtiments à proximité étaient endommagés, les fenêtres soufflées.

«Vous voyez quel genre de cessez-le-feu il y a du côté russe», ironisait Pacha, combattant pro-ukrainien du bataillon de Vinnitsa interrogé par l'AFP.

À Donetsk, une journaliste de l'AFP a entendu dimanche matin à un barrage près de l'aéroport, sous contrôle de l'armée, des tirs d'artillerie. Il n'était pas possible d'établir leur origine.

Le dalaï-lama critique Poutine 

La proclamation du cessez-le-feu constitue un succès pour les insurgés et la Russie, dans la mesure où il semble entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est après l'avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux ce que Moscou dément.

Dans une rare critique à l'égard d'un chef d'État, le dalaï-lama a critiqué dimanche dans un entretien à la presse allemande Vladimir Poutine, estimant qu'il est «égocentrique» et qu'il veut «reconstruire le Mur de Berlin» avec le conflit en Ukraine. «Il porte préjudice à son pays en agissant ainsi. L'isolement est un suicide pour la Russie», a ajouté le chef spirituel du bouddhisme tibétain.

Dimanche, Amnesty International a, de son côté, renvoyé dos à dos les belligérants: «Toutes les parties au conflit se sont montrées indifférentes à l'égard de la vie des civils et négligent de manière flagrante leurs obligations internationales», a dénoncé le secrétaire général de l'association, Salil Shetty.

Photos satellite à l'appui, Amnesty estime en outre qu'il apparaît «clairement que la Russie entretient le conflit, aussi bien par son ingérence directe que par le soutien qu'elle accorde aux séparatistes».

De son côté, l'OTAN mène jusqu'au 10 septembre des exercices militaires, dans les pays baltes, en Allemagne et en Pologne, qui doivent proclamer «haut et fort» que l'Alliance atlantique est prête à défendre ses pays membres, a déclaré samedi à Riga un haut responsable, le général Hans-Lothar Domrose.