La communauté de Valleyfield s'est réunie comme peut-être jamais auparavant, samedi, pour rendre un vibrant et ultime hommage à l'ancien politicien Serge Marcil, l'un de ses citoyens les plus adulés et l'une des victimes du séisme du 12 janvier en Haïti.

D'ailleurs, le reporter Daniel Grenier, du Journal Saint-François, ne se souvenait pas d'avoir vu autant de gens à l'intérieur de la basilique-cathédrale Sainte-Cécile de Salaberry-de-Valleyfield, en Montérégie.

«Ce qu'on a vécu aujourd'hui est assez spécial dans les annales de Valleyfield, a témoigné M. Grenier, en entrevue à La Presse Canadienne.

«Je n'avais jamais vu la cathédrale aussi bondée. Selon les estimations des gens du diocèse de Valleyfield, il y avait plus de 1200 personnes à l'intérieur de la basilique-cathédrale. Ce n'étaient pas, officiellement, des funérailles civiques, mais tout près. Nous avons eu droit à des funérailles grandioses», a aussi décrit M. Grenier.

De nombreuses personnalités politiques, autant de la scène provinciale que fédérale, se sont déplacées pour ce dernier hommage. La vice-première ministre Nathalie Normandeau y était, au nom du premier ministre Jean Charest qui se trouvait à l'extérieur du pays, de même que de nombreux ministres provinciaux. La cérémonie religieuse a également attiré le chef de l'opposition fédérale, Michael Ignatieff, et le député libéral Stéphane Dion.

Selon M. Grenier, les citoyens de Valleyfield ont perdu un politicien qui a fait beaucoup pour la région, mais surtout un fils, reconnu pour son humanisme.

«Serge Marcil était un homme positif, toujours souriant et qui avait toujours un bon mot pour chacun, a confié M. Grenier, qui pratique le journalisme dans la région de Valleyfield depuis une quinzaine d'années.

«On ne l'entendait jamais dire un mauvais mot, une méchanceté sur quelqu'un. Il pouvait parler à tout le monde, que ce soit un ministre, un député, un maire ou un simple citoyen qui venait lui dire merci pour ce qu'il venait de faire. Serge Marcil, c'était le gars du peuple. C'est pour cette raison qu'il y avait autant de monde dans la basilique-cathédrale de Valleyfield.»

La cérémonie, présidée par Mgr Luc Cyr, l'évêque du diocèse de Valleyfield, a été marquée par un touchant témoignage du fils de M. Marcil, Olivier, un membre actuel du cabinet du premier ministre Charest.

Le maire de Valleyfield, Denis Lapointe, et Daniel Johnson fils, ancien premier ministre et chef du Parti libéral du Québec, et sous lequel a servi M. Marcil, ont aussi rendu hommage au disparu.

«A la fin, j'avais des larmes aux yeux, surtout pendant l'allocution de Olivier. Son hommage était vraiment touchant, et représentait la famille, ses deux soeurs, sa mère et, en même temps, toute la population», a relaté M. Grenier.

Le corps de M. Marcil, qui aurait eu 66 ans le 20 janvier, a été retrouvé vendredi dernier dans les décombres de l'hôtel Montana, à Port-au-Prince.

Autres cérémonies

Le Québec s'est aussi recueilli samedi en mémoire de quatre autres victimes québécoises du tremblement de terre en Haïti.

Les funérailles de l'écrivain Georges Anglade, un des fondateurs de l'UQAM en 1969, et de son épouse Mireille, âgés tous deux de 65 ans, ont également été célébrées samedi matin, en la Basilique Notre-Dame de Montréal.

Durant la cérémonie, leur fille, Pascale Anglade, a indiqué que seuls leurs corps se sont éteints, mais que leur respect de la dignité et la recherche de la démocratie continueront d'être une source d'inspiration et un héritage vivant.

A Québec, les funérailles de Alexandra Duguay, chargée de communication pour la Mission des Nations Unies ont quant à elles été célébrées en l'église Saint-Dominique.

Une messe commémorative s'est par ailleurs tenue en la mémoire de Camil Perron, de Saint-Félicien, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont le corps a été porté en terre à l'extérieur de Port-au-Prince. Sa dépouille sera finalement exhumée et rapatriée plus tard au Canada. Cette démarche pourrait prendre encore plusieurs mois.