L'atmosphère était au miracle mercredi soir à l'hôpital de campagne dressé par la sécurité civile française au lycée Français de Port-au-Prince où une adolescente a été transportée, dans un état de déshydratation extrême, sauvée des décombres 15 jours après le séisme.

«Elle vivra. Elle a 16 ans et elle a toute la vie devant elle», dit, ému, le médecin colonel Michel Orcel.

«Elle est conditionnée, son état est stabilisé. On va mettre tous les moyens sur cette patiente de façon à ce qu'elle ait de manière permanente une équipe de réanimation à son chevet», ajoute le secouriste français.

La jeune fille, prénommée Darlene Etienne selon la Croix rouge, a été transportée par hélicoptère sur le Siroco, un bâtiment de la marine française qui dispose d'une unité médicale.

Elle a été en partie dégagée par des voisins du quartier de Carrefour-Feuilles à Port-au-Prince qui avaient entendu une voix. Ils ont ensuite appelé les secouristes français.

«Quand on est arrivé, on voyait seulement son cuir chevelu. J'ai agrandi le trou, lui ai parlée. On l'a réhydratée par intraveineuse et en trois quarts d'heure, on l'a dégagée», raconte à l'AFP, Claude Fuilla, le médecin chef du détachement de la sécurité civile française.

«Elle avait une petite poche d'air entourée de béton. On ne sait pas si elle avait de l'eau. Elle parlait très difficilement», a-t-il précisé.

Bien que les chances qu'une victime puisse survivre 15 jours sous des décombres tiennent du miracle, il ne faisait guère de doute aux yeux des médecins que la jeune fille était ainsi emprisonnée depuis le séisme du 12 janvier.

«Tout laisse à penser qu'elle y était depuis la catastrophe proprement dite. C'est très probable vu l'état de déshydratation très avancée dans lequel elle était lorsqu'elle est arrivée», précise le médecin colonel Orcel.

«Son état était très amoindri avec une tension artérielle effondrée», poursuit-il.

La jeune fille est parvenue à dire quelques mots. «Elle parle, elle dit qu'elle est heureuse d'être là et elle s'inquiète pour ses proches, mais on n'a pas les moyens de répondre à toutes ses questions», confie encore le docteur Orcel.

«Elle a subi une épreuve démentielle, le retour à la vie va se faire progressivement, mais elle n'a pas de lésions qui soient inquiétantes à première vue», poursuit-il.

Environ 135 personnes ont été retrouvées vivantes sous les décombres depuis le séisme du 12 janvier, qui a déjà fait «près de 170.000» victimes, selon le président haïtien René Préval.

Mardi, un homme de 31 ans a été extrait des ruines par l'armée américaine dans le centre de Port-au-Prince, sans qu'il soit possible de déterminer précisément depuis combien de temps il était prisonnier.

L'homme a pu être piégé dans les ruines après l'une des nombreuses répliques qui ont frappé Haïti depuis deux semaines.

«Survivre ainsi deux semaines, c'est difficile mais apparemment c'est possible», conclut Sébastien Caussade, un autre médecin qui était au chevet de la jeune fille, juste avant que l'hélicoptère ne décolle du terrain de basket du lycée pour la transférer à bord du navire hôpital.