Pour la première fois depuis le début du conflit à Gaza, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont accepté un cessez-le-feu de trois jours à partir de vendredi matin, après 24 jours d'une guerre dévastatrice et meurtrière dans l'enclave palestinienne.

«Israël a accepté la proposition faite par les États-Unis et l'ONU d'un cessez-le-feu humanitaire de 72 heures à partir de 8h vendredi», a dit, sous couvert de l'anonymat, un collaborateur du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Un porte-parole du Hamas a confirmé qu'il avait accepté d'observer cette trêve si son adversaire faisait de même.

Selon un communiqué commun de John Kerry et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, ce «cessez-le-feu sans pré-conditions et qui pourra être étendu» n'empêchera pas l'armée israélienne, qui a déclenché les hostilités le 8 juillet et est entrée dans la bande de Gaza le 17, de poursuivre ses opérations derrière ses positions actuelles.

Aux premières heures de vendredi les frappes israéliennes se poursuivaient, notamment dans le secteur de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués, selon les secours. Le pilonnage de l'armée israélienne s'intensifiaient également au nord de l'enclave, dans le secteur de Jabaliya, selon un journaliste de l'AFP. Les tirs de roquettes s'étaient eux ralentis dans la nuit, sept projectiles ayant été tirés depuis Gaza sur les localités israéliennes frontalières, selon l'armée.

Profondes divergences

«Ce cessez-le-feu est très important pour donner aux civils innocents un répit dont ils ont bien besoin face à la violence», a déclaré John Kerry à New Delhi. Les 1,8 million de civils de Gaza recevront «l'aide humanitaire dont ils ont un besoin urgent» et leur offriront un répit pour «enterrer leurs morts, s'occuper des blessés et se réapprovisionner en denrées alimentaires», a ajouté le secrétaire d'État.

Des délégations palestiniennes et israéliennes étaient attendues vendredi matin au Caire, médiateur, pour des négociations associant le gouvernement égyptien et destinées à rechercher «un cessez-le-feu durable», selon le communiqué conjoint de l'ONU et de Washington. Un émissaire américain devrait participer aux négociations, selon un responsable américain.

Les précédents cessez-le-feu humanitaires, unilatéraux, ont volé en éclats. Mais c'est la première fois qu'un cessez-le-feu recueillerait l'assentiment des deux camps et serait prévu pour une période aussi longue.

Même si la trêve devait tenir, les divergences de fond sont profondes. Les discussions du Caire doivent permettre aux belligérants d'aborder tous les litiges.

Outre l'arrêt des frappes israéliennes, le Hamas exige un retrait des troupes israéliennes, ainsi qu'une levée du blocus qui étouffe l'enclave palestinienne depuis 2006.

Ezzat al-Rishq, membre de la direction politique du Hamas siègant à Doha, a affirmé à l'AFP que des négociations approfondies étaient nécessaires en ce qui concerne le blocus de la bande de Gaza par Israël et que «plus d'efforts sont requis».

Le premier ministre Nétanyahou a de nouveau affiché sa détermination jeudi, affirmant que son armée «finirait le travail» avant de cesser ses opérations, notamment en détruisant les tunnels du Hamas, cessez-le-feu ou pas.

La mission des soldats israéliens était de réduire à néant la menace militaire que font peser les tirs de roquettes du Hamas et les tunnels creusés depuis la bande de Gaza vers Israël.

Si l'opération «Bordure protectrice» bénéficie du soutien massif de la population israélienne, elle a provoqué l'inquiétude croissante de la communauté internationale face au très lourd tribut payé par la population de Gaza.

La pire des guerres

Avec environ 1450 morts et plus de 8.300 blessés, en grande majorité des civils, cette guerre est au moins aussi meurtrière que Plomb Durci (2008-2009) qui avait déjà été déclenchée pour mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas. Parmi les morts figurent au moins 242 enfants selon l'Unicef.

La population de Gaza, prise au piège des bombardements, est «au bord de la rupture», a prévenu Pierre Krähenbühl, le patron de l'Agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) qui accueille 230 000 réfugiés dans des conditions de précarité extrêmes dans 85 centres à Gaza.

L'armée israélienne a pour sa part perdu 56 soldats, ses pertes les plus lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Trois civils, dont un ouvrier agricole thaïlandais, ont été tués par des roquettes, dont environ 3000 ont été tirées vers Israël, selon l'armée.

«Moi je veux que le Hamas continue cette guerre, qu'il pousse Israël hors de Gaza», déclarait jeudi Mahmoud Alyan, un infirmier de 23 ans de Beit Lahiya (nord) venu soigner une blessure au ventre à l'hôpital al Chifa de Gaza après le bombardement de sa maison. À côté, des corps carbonisés sont conduits à la morgue.

«Tous les deux ans, il y a la guerre ici, mais celle-ci c'est vraiment la pire», jugeait son ami Iyad Salim, 23 ans, déjà blessé lors de Plomb Durci.