Alors que la pétrolière BP semble se rapprocher d'une solution définitive pour colmater la fuite dans le golfe du Mexique, des officiels environnementaux ont dû se défendre, dimanche, face à des allégations selon lesquelles ils auraient permis à l'entreprise d'employer des agents dispersants dont les conséquences sur l'environnement sont encore inconnues.

La garde côtière a plusieurs fois permis à BP d'utiliser des milliers de litres de produits chimiques pour briser la nappe de pétrole et ce, malgré une directive émanant du gouvernement fédéral visant à limiter le recours à cette tactique, ont affirmé des enquêteurs du Congrès américain.

Dans une lettre envoyée samedi, le représentant Edward Markey a indiqué que BP avait «bombardé les fonds marins à l'aide de ces produits chimiques avec l'assentiment de la garde côtière».

L'amiral à la retraite de la garde côtière, Thad Allen, a réagi à ces affirmations dimanche, soutenant que les autorités fédérales chargées de la réglementation n'avaient pas ignoré les directives environnementales.

«Certains commandants d'unités avaient l'autorité de permettre aux équipes de nettoyage d'utiliser davantage d'agents dispersants dans certains cas», a-t-il ajouté.

De son côté, le chef des opérations de la société britannique, Doug Suttles, a répondu que l'entreprise avait agi en conformité avec un protocole élaboré conjointement par le gouvernement et par la garde côtière.

De plus, la société a respecté les exigences émises par l'agence de protection environnementale (EPA), a ajouté un porte-parole de BP, Daren Beaudo.

«Les agents dispersants ont été approuvés par l'EPA, et ils sont reconnus comme étant des outils efficaces pour lutter contre les marées noires», a soutenu M. Beaudo.

Plus d'un mois après le début de la fuite de pétrole, le 24 mai, l'agence environnementale et la garde côtière avaient ordonné à BP de réduire de 75 pour cent la quantité de produits chimiques qu'elle utilisait.

Mais dans les 48 jours suivants, la garde côtière a approuvé pas moins de 74 requêtes venant de BP, selon les documents étudiés par les investigateurs. Seules quelques-unes des demandes ont été refusées.

«L'agence n'a pas accepté toutes les demandes de dérogation, a écrit l'EPA dans un communiqué. Par contre, elle estime que l'utilisation d'agents dispersants a été un outil essentiel afin de diminuer l'impact de la fuite de pétrole.»

«Cela a empêché des millions de litres d'hydrocarbures d'atteindre le rivage et de causer encore plus de dommages aux écosystèmes fragiles, aux plages et à l'économie locale», dit le communiqué.

Le dispersant chimique a servi à briser les nappes et à transformer le pétrole en petites gouttelettes.

Malgré ses avantages, le produit pourrait cependant s'avérer létal pour les oeufs de fruits de mer et les larves, selon des experts. Et ses impacts à long terme demeurent inconnus.

Les humains exposés à ces agents chimiques à long terme pourraient souffrir de troubles du système nerveux central, de problèmes sanguins, hépatiques ou pulmonaires, d'après les centres de prévention et de contrôle des maladies.

«La question, c'est de savoir si l'avantage d'utiliser ces produits l'emporte sur les risques potentiels», estime Larry McKinney, directeur exécutif de l'institut de recherche sur le golfe du Mexique de l'Université A & M Corpus Christi, au Texas.