Les espoirs qu'une énième tentative de BP pour récupérer le pétrole qui fuit depuis six semaines au fond du golfe du Mexique soit enfin un succès étaient ravivés jeudi, alors que la nappe continue de s'étendre et menace plus que jamais les plages de Floride.

Au cours d'une conférence de presse, le commandant des garde-côtes américains, Thad Allen, a annoncé que le groupe pétrolier britannique BP avait réussi à sectionner le conduit à l'origine de la fuite.

Cette opération délicate réalisée à 1.500 mètres de profondeur à l'aide de pinces coupantes actionnées par des robots devrait permettre de poser un entonnoir censé récupérer le brut qui s'écoule.

Une première coupure avait pu être réalisée mardi, mais la deuxième, au niveau de la tête de puits, avait échoué mercredi car la scie à diamant utilisée s'était coincée, contraignant les ingénieurs à changer de méthode.

La nouvelle coupure, moins précise que celle initialement prévue, pourrait permettre de récupérer une partie du pétrole. Mais encore faut-il que BP réussisse à placer l'entonnoir destiné à pomper le brut et à le transférer à bord d'un navire en surface.

L'amiral Allen a également précisé que des puits de secours destinés à stopper définitivement la fuite de pétrole seront opérationnels à la mi-août.

Signe de la gravité de la situation, 45 jours après le début de la pire marée noire de l'histoire américaine, la Maison-Blanche a annoncé que le président Barack Obama retournerait vendredi en Louisiane (sud), pour sa troisième visite dans la région depuis la catastrophe.

La nappe est à une dizaine de kilomètres de la Floride, où son arrivée sur les plages très fréquentées par les touristes est attendue de façon imminente, et risque de provoquer des dommages économiques considérables, alors que le pétrole a déjà lourdement touché la Louisiane, et dans une moindre mesure l'Alabama et le Mississippi.

Vue du ciel, la nappe de brut étend ses taches orangées sur des kilomètres autour du point où la plateforme de BP a fait naufrage le 22 avril, à environ 80 km des côtes.

La frustration est telle face aux échecs de BP que certains vont jusqu'à évoquer l'idée d'atomiser le puits. Cette hypothèse extrême, que le New York Times exposait en Une jeudi, est toutefois rejetée par les autorités.

Interrogé sur cette option, Thad Allen a répondu sur CNN qu'il faudrait «qu'on ait épuisé beaucoup de possibilités avant d'y penser».

Il a souligné que le recours à une telle mesure présentait «un risque important», notamment parce qu'il pourrait «y avoir un problème dans les strates de formations rocheuses» dans le sous-sol.

Dans le même temps, BP continuait son offensive pour défendre son image de plus en plus écornée, s'offrant pour la deuxième journée consécutive des pleines pages de publicité dans les grands quotidiens américains. Le groupe a vu ses actions plonger et sa note a été abaissée par les agences de notation.

Son directeur général a admis jeudi que BP n'était pas préparé à un tel problème survenant en haute mer.

«Ce qui est incontestable est que nous n'avions pas les instruments qu'il aurait fallu dans notre trousse à outils», a reconnu Tony Hayward dans le Financial Times.

Tout en estimant que BP, auquel la marée noire a déjà coûté 1 milliard de dollars, avait «très bien réussi» à empêcher la marée noire de trop souiller les côtes, il a reconnu «qu'on était parfaitement fondé à faire des critiques à la compagnie» sur son manque de préparation à une telle fuite.

À ce sujet, les groupes anti-BP continuaient de foisonner jeudi sur Internet, l'un d'entre eux réunissant plus de 300.000 personnes sur Facebook, et appelant à un boycott international du pétrolier.