Dans la tour new-yorkaise qui porte son nom sur la 5e Avenue, à Manhattan, Donald Trump a commencé hier à jeter les bases de l'administration qui l'accompagnera en janvier prochain à Washington, où il tiendra pendant quatre ans le rôle le plus inattendu de sa vie : président des États-Unis.

Au lendemain d'une élection qui a électrisé une partie du pays et traumatisé l'autre, les adversaires démocrates de l'ancienne star de la téléréalité ont pour leur part tenté de convaincre leurs partisans d'accepter une réalité qui leur semblait inimaginable la veille.

À tour de rôle, Hillary Clinton, candidate malheureuse, et Barack Obama, président désavoué, ont lancé des appels à l'unité après l'une des campagnes présidentielles les plus acrimonieuses de l'histoire américaine. Tous les deux ont rappelé que la démocratie américaine dépendait d'une passation pacifique des pouvoirs.

« C'est douloureux et ça le demeurera longtemps », a déclaré Clinton hier matin en s'adressant à des membres de son équipe et à des partisans réunis dans un hôtel de New York.

« Nous avons vu que notre nation était plus divisée que nous le pensions. Nous devons accepter ce résultat et regarder de l'avant. Donald Trump sera notre président. Nous lui devons un esprit ouvert et de lui laisser la chance de diriger le pays. »

Entourée de son mari Bill, de sa fille Chelsea et de son colistier Tim Kaine, l'ancienne secrétaire d'État n'est pas revenue sur les détails de ce résultat qui l'a vue remporter le vote populaire et perdre le collège électoral, déterminant dans l'élection du président américain. Elle a préféré donner une tournure plus personnelle à son bref discours.

« À toutes les petites filles qui regardent [...], ne doutez jamais de votre valeur et de votre puissance, vous méritez toutes les occasions du monde, a-t-elle dit. Nous n'avons toujours pas brisé ce plafond de verre plus haut et plus dur. Mais un jour, quelqu'un le fera. »

«Une seule équipe», dit Obama

Peu après, le président Obama s'est adressé aux électeurs démocrates depuis la Roseraie de la Maison-Blanche, leur demandant de mettre de côté leur déception pour le bien du pays et de la présidence de Trump, dont il s'est réjoui du ton magnanime adopté la veille lors de son discours de victoire.

« Tout le monde est triste après avoir perdu une élection, mais le jour suivant, nous devons nous rappeler que nous ne formons en réalité qu'une seule équipe », a-t-il dit après avoir déclaré que l'ensemble de son pays souhaitait « le succès » de Trump.

En arrière-plan, la mine déconfite des membres du personnel de la Maison-Blanche contrastait avec les paroles rassembleuses du président. Quelques instants avant que ce dernier ne prenne la parole, le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait donné une idée des changements qui attendaient Washington après l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche. Il a notamment évoqué l'intention des républicains de réaliser rapidement une des promesses du président désigné, à savoir l'abrogation de la loi sur l'assurance maladie du président Obama.

« Ce que Donald Trump a accompli est un énorme exploit politique », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. « Il a entendu ces voix qui étaient ignorées. Il a obtenu un mandat. Et nous avons maintenant un gouvernement unifié. »

Le président désigné n'a pas fait de commentaires publics au cours de la journée d'hier. Entouré de proches conseillers, il a commencé à jongler avec des noms pour former son cabinet et combler le siège de la Cour suprême laissé vacant par la mort du juge Antonin Scalia.

L'ancien maire de New York Rudolph Giuliani fait partie des candidats à un poste au sein de l'administration Trump, de même que le gouverneur du New Jersey Chris Christie, l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich et le sénateur de l'Alabama Jeff Sessions.

Trump doit se rendre à la Maison-Blanche aujourd'hui pour y rencontrer Barack Obama, histoire d'enclencher le processus de transition qui prendra fin le 20 janvier prochain.

Photo JEWEL SAMAD, Agence France-Presse

Prenant la parole devant une foule de collaborateurs et de partisans à la mine défaite, Hillary Clinton a admis que sa défaite « est douloureuse, et ça le restera encore longtemps ».