À l'issue d'un feuilleton politique digne d'une émission de télé-réalité, Donald Trump a enfin officiellement présenté samedi celui qu'il a choisi comme vice-président s'il entre à la Maison-Blanche, le conservateur Mike Pence, décrit comme un «homme d'honneur», bon pour l'unité du parti républicain.

«C'est un homme d'honneur, de caractère et d'honnêteté», un homme «solide», a déclaré M. Trump lors d'une conférence de presse commune à New York, saluant le bilan de M. Pence, 57 ans, gouverneur peu connu de l'Indiana, dont il avait annoncé le choix vendredi sur Twitter.

«L'une des raisons pour lesquelles je l'ai choisi est l'unité du parti», a ajouté Donald Trump, à deux jours de la convention républicaine de Cleveland qui doit désigner le milliardaire controversé comme le candidat du parti à l'élection présidentielle. Donald Trump a reconnu qu'il était lui un «outsider».

Prenant ensuite la parole, M. Pence a dit accepter avec humilité l'offre de Donald Trump, un «patriote», qui «comprend les frustrations et les espoirs des Américains comme aucun autre dirigeant depuis Ronald Reagan».

Il s'est présenté comme «un gars d'une petite ville» , un «chrétien, un conservateur et un républicain, dans cet ordre», et a expliqué qu'il avait accepté la proposition pour deux raisons: «je sais qu'un leadership républicain fort peut apporter un vrai changement (...) et Hillary Clinton ne doit jamais devenir présidente des États-Unis».

Les deux familles sont ensuite montées sur scène, mais l'échange n'a guère montré de chaleur.

Le choix d'un vice-président n'a qu'une incidence relative dans une campagne présidentielle américaine. Mais celui de Mike Pence, apprécié de l'establishement républicain, devrait au moins à court terme contribuer à apaiser le climat tendu de la convention républicaine qui s'ouvre lundi.

À l'opposé de Trump, Pence est discipliné, discret, courtois.  Trump l'a préféré à deux fortes personnalités plus connues et dont il se sentait plus proche, le gouverneur du New Jersey Chris Christie et l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich.

Mariage de raison

M. Trump aurait hésité, selon certains médias, jusqu'à la dernière minute avant de sceller ce mariage de raison. Alors que M. Pence se trouvait déjà jeudi soir à New York, le milliardaire affirmait même qu'il n'avait pas encore pris sa «décision finale, finale».

Donald Trump avait initialement annoncé une conférence de presse vendredi matin pour dévoiler son choix, mais l'a repoussée à samedi en invoquant l'attentat de Nice en France. L'impulsif milliardaire républicain a quand même annoncé le nom de son colistier vendredi sur Twitter, son mode de communication favori.

Mike Pence, un héraut des valeurs familiales traditionnelles, très croyant, anti-avortement, anti-mariage pour tous, connaît bien, à l'inverse de Trump, les arcanes de Washington pour avoir été membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2013 et président de la conférence républicaine (numéro 3 du parti) de 2009 à 2011.

Il soutenait au départ l'ultra-conservateur Ted Cruz dans la campagne des primaires républicaines. Il n'a pas toujours été d'accord avec Trump, avait notamment estimé «insultante et inconstitutionnelle» en décembre son idée de fermer le pays aux musulmans pour lutter contre le terrorisme.

Mais sitôt son choix annoncé, son discours s'est impeccablement aligné sur celui de Trump.

Il a samedi longuement critiqué Hillary Clinton.

«Sur la scène mondiale, Donald Trump sera un leader fort. Il reconstruira l'arsenal de la démocratie, sera aux côtés de nos alliés et chassera et détruira les ennemis de notre liberté», a-t-il aussi déclaré, après avoir évoqué l'État islamique, l'attentat de Nice et le putsch déjoué en Turquie.