Mitt Romney, en difficulté dans la course républicaine à la Maison-Blanche, a affronté mercredi soir son principal rival Rick Santorum, lors d'un affrontement télévisé à couteaux tirés dans l'Arizona.

Les deux hommes de tête se sont échangé leurs premières piques dès l'amorce du débat diffusé sur la chaîne CNN, se présentant chacun comme le plus déterminé à réduire la dette américaine.

«Vous déformez la réalité. Vous ne savez pas de quoi vous parlez», s'est emporté M. Santorum alors qu'il était critiqué par M. Romney sur son bilan de membre du Congrès.

M. Romney a vivement critiqué l'ex-sénateur de Pennsylvanie assurant que «lors de son mandat au Sénat, les dépenses ont augmenté de 80% dans le budget fédéral».

M. Santorum a aussi été accroché sur la contraception pour avoir voté en faveur d'une loi comprenant des dispositions favorables au planning familial.

De son côté, Newt Gingrich, qui tente de raviver sa campagne, a tenté de se placer au dessus de la mêlée, focalisant ses attaques sur le président Obama dont il a dénoncé le «discours démagogue». Critiquant M. Obama sur sa politique de sécurité nationale, il l'a qualifié de président le plus «dangereux».

Dans l'un des échanges les plus marquants, le conservateur isolationniste Ron Paul s'est illustré en qualifiant Rick Santorum de politicien «faux», assurant que celui-ci avait voté pour des projets coûteux lorsqu'il était membre du Congrès. «Je suis vrai, je suis vrai», s'est empressé de répondre M. Santorum en défendant son bilan d'élu.

En revanche, MM. Romney et Santorum se sont accordés à dénoncer comme «inacceptable» le danger d'un Iran nucléaire. Seul M. Paul s'est distingué en assurant que les Etats-Unis ne devaient pas entrer en guerre «de façon si imprudente» et «sans preuve» que l'Iran est en train d'acquérir l'arme nucléaire.

M. Santorum, un catholique ultra-conservateur, a brusquement surgi d'une lointaine troisième place en remportant les scrutins républicains du Missouri, du Colorado et du Minnesota le 7 février, alors que Mitt Romney faisait jusqu'à cette date figure de favori.

Dans cette course organisée État par État pour désigner le candidat qui affrontera Barack Obama à l'élection du 6 novembre, M. Santorum occupe désormais la pole position.

Pour stopper l'hémorragie, le modéré Mitt Romney doit remporter les prochains scrutins le 28 février: Arizona où nombre d'électeurs sont comme lui de confession mormone et surtout Michigan, l'État où il est né et où son père a été gouverneur.

Une victoire de M. Santorum dans un seul de ces deux États serait un coup dévastateur pour M. Romney à quelques jours du «Super Mardi», le 6 mars, où une dizaine d'États se prononceront.

Selon un sondage de l'Université de Quinnipiac publié mercredi, M. Santorum devance M. Romney par 35% d'intentions de vote contre 26% parmi les républicains sur le plan national. Newt Gingrich (14%) et Ron Paul (11%) suivent de loin le duo de tête.

Mais le sondage a aussi montré que M. Obama battrait M. Santorum, tandis qu'un duel entre M. Romney et le président sortant serait extrêmement serré.

Les positions de M. Santorum, un fervent opposant à l'avortement et au mariage homosexuel, effraient nombre de républicains qui doutent de sa capacité à rassembler assez de votes centristes pour se faire élire face à Barack Obama.

Selon les derniers sondages compilés par le site RealClearPolitics, l'écart se ressert dans le Michigan où M. Santorum (33,8%) ne mène plus que d'une courte tête sur l'ancien favori (33%). Dans l'Arizona, M. Romney reste en tête mais il perd du terrain.