La Cour pénale internationale (CPI) a des «preuves solides» que des crimes contre l'humanité ont été perpétrés en Libye et va bientôt demander des mandats d'arrêt pouvant viser cinq personnes, a déclaré mardi à l'AFP le procureur Luis Moreno-Ocampo.

«Oui, nous avons des preuves solides contre la Libye», a-t-il dit dans un entretien à l'AFP à New York, où il doit informer mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU des progrès de l'enquête menée en Libye.

«Nous allons bientôt présenter les premiers cas. Quelques individus sont concernés. D'un à cinq», a-t-il dit sans vouloir donner plus de détails sur leurs noms. «Nous continuons de réunir des preuves à leur sujet».

«Nous avons des preuves d'attaques étendues et systématiques contre des populations civiles», a ajouté le procureur, évoquant «des arrestations massives et des cas de torture en Libye».

«Dans quelques semaines, nous allons présenter les preuves devant les juges», a-t-il dit. «Ils peuvent les accepter, les rejeter ou demander des compléments de preuves». «Mais je pense que j'ai assez de preuves», a-t-il ajouté.

M. Moreno-Ocampo avait annoncé le 3 mars l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye, visant notamment le colonel Mouammar Kadhafi et trois de ses fils.

Quatre autres hauts responsables libyens sont également visés, dont le chef de la diplomatie libyenne, Moussa Koussa, et l'ancien premier ministre, Abou Zeyd Omar Dorda.

Le procureur a encore ajouté qu'il avait des preuves de l'utilisation de bombes à fragmentation contre des populations civiles.

«Nous avons aussi des informations sur des viols, mais nous ne sommes pas sûrs d'avoir assez de preuves à leur sujet. Aussi nous continuons d'enquêter».

S'agissant des rebelles, M. Moreno-Ocampo a souligné qu'il avait des informations sérieuses concernant des attaques perpétrées à Benghazi contre des Africains soupçonnés d'être des mercenaires à la solde du régime de Kadhafi.