Il y a un an, elle était la coqueluche des médias occidentaux. Mais Asma, l'épouse du président syrien Bachar al-Assad apparue cette semaine à ses côtés est désormais critiquée pour son silence face à la répression, au point d'être qualifiée de «Marie-Antoinette».

Restée dans l'ombre depuis le début de la révolte populaire en mars, la Première dame a fait une fois de plus parler d'elle par sa présence mercredi tout sourire dans un rassemblement pro-régime à Damas devant lequel le président syrien a promis de «triompher du complot» contre son pays.

«Cela montre qu'elle se tient aux côtés de son homme, qu'ils sont sur la même longueur d'onde. Elle fait clairement partie de ce régime», affirme à l'AFP Andrew Tabler, expert de la Syrie qui a travaillé en 2003 comme conseiller de presse pour les associations caritatives de Mme Assad, 36 ans.

Mais ses photos avec deux de ses trois enfants au rassemblement ont aussitôt alimenté les critiques de plus en plus virulentes à son égard.

«La femme et les enfants de Bachar sont venus applaudir papa le dictateur», ironise un internaute sur Twitter.

«La Grande-Bretagne devrait retirer les passeports d'Asma et de ses parents qui sont les complices d'un criminel de guerre», commente un autre, en référence à Mme Assad, née et éduquée à Londres.

Avant mercredi, les anti-régime lui reprochaient déjà son silence face à la répression sanglante. «Asma Assad, une Marie-Antoinette de notre temps?» commentait un gazouillis.

En revanche, les pro-régime ne tarissent pas d'éloges. «Vous méritez d'être la Première dame du monde entier», s'enthousiasme l'un d'eux sur Facebook.

Avec ses chaussures Christian Louboutin et ses robes signées, cette fille d'un éminent cardiologue de Londres, Fawaz al-Akhras, et d'une diplomate à la retraite, Sahar Otri, était perçue comme le «côté doux» de la dictature.

Avec son mari, elle a reçu le roi et la reine d'Espagne ou encore Brad Pitt et Angelina Jolie.

«Elle est un important élément de relations publiques dans la machine du régime», soutient M. Tabler, auteur d'un ouvrage sur le régime, In the Lion's Den (Dans l'antre du lion), et expert au Washington Institute.

Jolie, au sourire charmeur, Mme Assad était comparée volontiers à Carla Bruni ou à Rania de Jordanie.

Lors d'une visite du couple en France en 2010, elle affirmait à Paris Match avoir épousé M. Assad pour les «valeurs» qu'il incarne et l'hebdomadaire l'avait présentée comme la «lumière dans un pays plein de zones d'ombre».

Le magazine américain Vogue l'avait qualifiée de «Rose du désert» avant de retirer son interview de son site internet après la révolte.

En Syrie, Asma al-Assad représentait pour beaucoup une promesse de modernisme dans un pays longtemps isolé. Ayant travaillé dans des banques internationales à Londres, elle est créditée d'un rôle considérable auprès de son mari pour la libéralisation de l'économie dirigiste du pays.

Mais la révolte a porté un coup dur à l'image jeune et moderne du couple.

«Cette image est complètement détruite», dit M. Tabler, en décrivant Asma comme une personne «très british, conventionnelle et dotée d'une personnalité discrètement autoritaire. Elle a un passeport britannique, elle peut partir, elle a choisi de rester».

Bachar et Asma, de dix ans sa cadette, forment un couple symbole de la coexistence des différentes communautés en Syrie; lui est issu de la minorité alaouite et elle, originaire de Homs -aujourd'hui bastion de la révolte-, de la majorité sunnite.

Avec plusieurs milliers de morts dans la répression, tous deux apparaissent complètement déphasés de la réalité.

Beaucoup ne retrouvent plus cette femme qui en 2009 évoquait sur CNN les souffrances des enfants de Gaza dévastée par une offensive israélienne. «C'est le 21e siècle, dans quelle partie du monde ces choses arrivent-elles encore?» disait-elle.

«Arrête d'être hypocrite! tu tues ton propre peuple!» commente un internaute, un autre la qualifiant de «Lady Macbeth».