Six personnalités de l'aile dure de l'opposition à Bahreïn ont été arrêtées dans la nuit de mercredi à jeudi, au lendemain d'une répression sanglante de manifestations dans Manama, a annoncé l'opposition.

Il s'agit de cinq figures radicales chiites, parmi lesquelles certaines ont appelé à la chute de la monarchie, et d'un opposant de gauche sunnite.

«Ils ont tous été arrêtés dans la nuit», a déclaré à l'AFP Khalil Marzouk, député du puissant mouvement chiite al-Wefaq.

Leur arrestation intervient au lendemain d'un assaut des forces de l'ordre bahreïnies contre des manifestants chiites observant un sit-in dans le centre de Manama, qui a fait cinq morts, et quelques jours après la proclamation de l'état d'urgence dans le pays en proie à une contestation grandissante.

Parmi les personnes arrêtées figure le secrétaire général du mouvement Haq, une formation interdite de l'opposition chiite, Hassan Machaimaa, qui avait regagné Manama le 26 février après avoir bénéficié d'une grâce royale.

M. Machaimaa était jugé par contumace à Bahreïn depuis octobre dans le procès de 25 chiites accusés d'avoir «formé une organisation illégale» et «financé des activités terroristes».

Mais le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, avait grâcié les accusés et, le 21 février, libéré 23 d'entre eux pour tenter de calmer le mouvement de contestation populaire, lancé une semaine plus tôt.

Le défenseur des droits de l'Homme Abdeljalil al-Singace, qui fait partie des personnes libérées le 21 février, a également été de nouveau arrêté dans la nuit. Membre de Haq, souffrant d'une paralysie des jambes, M. Singace avait été détenu pendant près de six mois.

Deux autres personnes arrêtées, Hassan Haddad et Abdel Hadi al-Mkhawdar, figuraient également parmi le groupe de personnes incarcérées avant d'être libérées.

Les autorités ont également arrêté dans la nuit Abdel Wahab Hussein, chef du Wafa, un petit groupe chiite radical.

Haq, Wafa et un troisième groupuscule chiite avaient appelé le 9 mars à l'instauration d'une «république démocratique» à Bahrein alors que le Wefaq chiite réclame uniquement des réformes et n'a jamais appelé au renversement de la monarchie.

Le secrétaire général de Waad, un groupe de gauche, M. Ibrahim Chérif, un sunnite, a également été arrêté dans le cadre de cette rafle.

«Une quarantaine d'hommes sont arrivés vers deux heures du matin. L'un a mis son revolver sur la tempe de mon mari et l'a emmené sans même nous donner le temps d'appeler son avocat» a déclaré à l'AFP Farida Ghoulam, son épouse.

Dans un communiqué, le groupe Waad a dénoncé «cette mesure visant à baîllonner les opposants» et réclamé «la libération immédiate de son secrétaire général».

Cette rafle intervient après la proclamation de l'état d'urgence par le roi, fort de l'appui des monarchies voisines du Golfe qui ont dépêché des troupes pour l'aider à mater la contestation animée par les chiites.