Deux personnes étaient «activement recherchées» mercredi après l'opération de police déclenchée la veille à Bruxelles, liée aux attentats de Paris, et qui s'est soldée par la mort d'un Algérien de 35 ans apparemment lié à l'organisation État islamique.

Le premier ministre Charles Michel a exhorté la population belge à «rester calme et garder son sang-froid» dans une brève déclaration à la presse.

Il s'exprimait après un conseil national de sécurité, réunion des principaux ministres et responsables des services de sécurité belges, qui a décidé le maintien de l'alerte antiterroriste au niveau 3 (sur 4 possibles), ce qui signifie que «la menace est possible et vraisemblable», a-t-il souligné.

Une perquisition de routine visant un appartement de la commune bruxelloise de Forest, dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris, a dégénéré en fusillades mardi après-midi. Une vaste opération de police a été déclenchée, au cours de laquelle un suspect a été tué.

À côté du cadavre de cet homme, identifié comme Mohamed Belkaïd, ont été découverts «une Kalachnikov ainsi qu'un livre sur le salafisme» et un drapeau de l'État islamique, a précisé un porte-parole du parquet fédéral, Thierry Werts.

En séjour illégal en Belgique, Mohamed Belkaïd n'était connu de la justice du royaume que pour un «vol simple» en 2014.

Il n'était pas non plus connu des services de sécurité algériens et aurait quitté son pays clandestinement, car il n'y a pas de fiche de sortie du territoire à son nom, selon des sources sécuritaires algériennes à l'AFP.

«Deux personnes, qui se trouvaient vraisemblablement aussi dans l'appartement et dont l'identité est encore inconnue, ont réussi à prendre la fuite et sont activement recherchées», a indiqué M. Werts.

Portrait-robot établi

La police a diffusé en interne le portrait-robot d'un fugitif, selon plusieurs médias belges. «De type nord-africain, âgé d'entre 25 et 28 ans, il mesure 1m85 (...), a le teint mat et portait une casquette blanche», selon le quotidien La Dernière Heure.

Vers 14h15 mardi, quatre policiers belges et deux confrères français s'étaient présentés à l'entrée de cette maison de deux étages dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris (130 morts en novembre).

Dès l'ouverture de la porte, «au moins deux personnes armées d'un riot gun (fusil anti-émeute) et d'une Kalachnikov ont immédiatement ouvert le feu sur les policiers», et s'en est suivi «un échange de tirs bref mais nourri», a raconté le porte-parole du parquet fédéral.

Trois policiers ont été légèrement blessés, dont une Française. Un quatrième, un Belge, le sera plus tard dans l'après-midi, touché «légèrement à la tête», alors que les policiers continuaient d'essuyer des tirs depuis l'appartement.

C'est à une fenêtre où il apparaissait que Belkaïd a été «neutralisé par un tireur d'élite des unités spéciales, alors qu'il allait clairement ouvrir le feu sur la police», selon M. Werts. «Onze chargeurs de Kalachnikov et de très nombreuses munitions» ont été découverts dans l'appartement.

«Ce n'est pas ça Bruxelles»

L'enquête continuait «activement» mercredi. La police a cependant relâché deux suspects qui avaient été interpellés pour vérifier leur possible implication dans les fusillades de Forest.

L'un d'eux, admis mardi soir dans un hôpital près de Bruxelles, avait attiré l'attention de la police, la personne l'accompagnant aux urgences ayant pris la fuite à la vue des hommes en uniforme.

Au moins quatre perquisitions ont eu lieu dans la soirée ou la nuit liées à l'opération rue du Dries, permettant la découverte d'une Kalachnikov.

Dès mardi soir, le parquet fédéral avait précisé que le suspect tué n'était pas Salah Abdeslam, soupçonné d'avoir eu au moins un rôle-clé de logisticien dans les attentats et activement recherché depuis quatre mois.

L'opération de mardi --une perquisition parmi les «plus de 100» effectuées en Belgique depuis le 14 novembre-- visait plutôt «l'entourage d'un ou plusieurs des 11 inculpés belges», selon une source policière française.

Après 58 interpellations liées à l'enquête belge sur les attentats, onze personnes ont été inculpées à ce jour. L'enquête a montré que ces attaques à Paris et Saint-Denis avaient été largement préparées et coordonnées depuis Bruxelles.

«Ca ne donne pas une bonne image, ce n'est pas ça Bruxelles», soupire Serge Carlier, 57 ans, qui vit à Forest. «On est un carrefour de l'Europe. C'est une plaque tournante pour beaucoup de choses», tente d'expliquer Nadine, une agente de sécurité de 39 ans.