Vingt-cinq migrants ont été retrouvés morts dans la nuit de mardi à mercredi dans un mélange d'essence et d'eau de mer au fond d'un canot surchargé en Méditerranée, où le bilan a atteint selon l'ONU le niveau record d'au moins 3.800 morts ou disparus cette année.

« Nous pouvons confirmer qu'au moins 3800 personnes ont péri ou ont disparu en mer Méditerranée depuis le début de l'année, soit le bilan le plus élevé jamais enregistré », a déclaré à l'AFP William Spindler, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Pour l'ensemble de l'année 2015, le bilan avait été de 3771 morts. Plus d'un million de personnes avaient alors tenté l'aventure, contre quelque 330 000 cette année, marquée par un net coup de frein sur les côtes grecques après l'accord en mars entre l'Union européenne et la Turquie.

Le taux de décès est donc passé d'un pour 269 l'an dernier à un pour 88 en 2016, arrivant même à un pour 47 sur la route de Méditerranée centrale, entre la Libye - et dans une moindre mesure l'Égypte - et l'Italie.

Sur cette route, le carnage se décline en naufrages massifs d'embarcations en bois entraînant des centaines de personnes au fond de l'eau et en lent - mais quasi quotidien - décompte de tous ceux qui n'ont pas survécu sur les canots pneumatiques surchargés.

Beaucoup tombent à l'eau quand ces canots se dégonflent, d'autres meurent asphyxiés par les émanations de carburant, étouffés par la masse des passagers, parfois sous les coups d'un voisin qui cherche à se faire de la place, noyés dans quelques centimètres d'eau au fond du canot, brûlés par le mélange sournois de l'essence et de l'eau de mer ou encore victimes d'hypothermie, de déshydratation ou d'épuisement après des semaines, voire des mois ou des années, de périple puis de détention et de violences en Libye.

Et la multiplication des navires de secours patrouillant en face de la Libye n'y fait rien : les conditions dans lesquelles les passeurs font partir les migrants tuent en quelques heures.

« Une course dans un cimetière »

D'autant que le phénomène des départs par vagues s'est accentué cette année : secourir des milliers de personnes le même jour est délicat, secourir des milliers d'autres dès le lendemain, quand les navires de secours sont en route pour conduire les premiers en Italie, devient un véritable défi.

Les 25 morts découverts dans la nuit de mardi à mercredi se trouvaient à bord d'un canot pneumatique à 26 milles nautiques des côtes libyennes. Ils ont probablement été asphyxiés ou noyés dans un fond de carburant et d'eau de mer.