Le ministère de l'Intérieur pakistanais a annoncé jeudi avoir procédé à l'arrestation de plus de 120 extrémistes présumés, après l'attentat du 14 février au Cachemire indien, qui a provoqué une poussée de fièvre entre les deux puissances nucléaires.

Les gouvernements provinciaux ont pris le contrôle de plus de 200 madrasas (écoles coraniques) et écoles régulières, ainsi que de 163 dispensaires gérés par des organisations considérées comme extrémistes, indique le ministère dans un communiqué, qui fait état de 121 interpellations.

D'après un responsable gouvernemental, l'une des cibles des autorités est le Jaish-e-Mohammad (JeM), basé au Pakistan, qui avait revendiqué l'attaque-suicide dans laquelle plus de 40 paramilitaires indiens avaient péri.

Le second groupe visé est le Jamaat-ud-Dawa (JuD), une organisation considérée comme une émanation du groupe islamiste Lashkar-e-Taiba, accusé par l'Inde et les États-Unis d'être responsable des attentats de Bombay en 2008, qui avaient fait 166 morts.

Une source proche d'un de ces groupes a confirmé l'information, ajoutant que des arrestations se produisaient quotidiennement. Les autorités ont bien pris le contrôle de toutes les écoles religieuses et autres organisations que ce groupe gérait, a-t-il ajouté.

Mardi, le ministre de l'Intérieur Shehryar Afridi avait annoncé une « campagne d'arrestations contre des organisations interdites » et le placement en détention de « 44 individus ». Abdul Rauf, un jeune frère peu connu de Masood Azhar, le chef du groupe JeM, faisait partie des interpellés, avait-il indiqué.  

L'attentat du 14 février avait provoqué de fortes tensions entre l'Inde et le Pakistan, qui se sont déjà livré trois guerres.

En représailles, l'aviation indienne avait déclaré avoir bombardé un camp du JeM le 26 février dans le nord du Pakistan, ce qui avait entraîné une riposte pakistanaise en Inde mercredi dernier.

Islamabad avait ensuite affirmé avoir abattu deux avions indiens et capturé l'un des pilotes, tandis que New Delhi faisait état de la destruction d'un chasseur pakistanais, ce que le Pakistan nie. La libération vendredi du pilote indien a apaisé la tension.

New Delhi comme Washington ou l'Union européenne ne cessent toutefois de réclamer du Pakistan des actions fortes contre les groupes extrémistes installés sur son territoire.

Islamabad nie toute implication dans l'attaque du 14 février.

Le chef du JeM, Masood Azhar, toujours au Pakistan, est « très malade » et ne peut quitter sa maison, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères pakistanais Shah Mehmood Qureshi.

Le dirigeant du JuD Hafiz Saeed, qui poursuit librement ses activités au Pakistan, dément toute implication dans les attentats de Bombay.