Plusieurs pays, dont les États-Unis, ont réclamé mardi à l'ONU une justice internationale pour les responsables militaires birmans de la répression contre les Rohingyas, restant toutefois vagues sur la suite à donner aux accusations de « génocide » d'un rapport onusien publié la veille.

« Les faits de nettoyage ethnique contre les Rohingyas doivent être décrits et entendus », a réclamé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, lors d'une réunion du Conseil de sécurité prévue de longue date pour maintenir la pression sur la Birmanie.

« Ici, au Conseil de sécurité, nous devons tenir pour responsables ceux qui sont à l'origine des violences », a-t-elle ajouté, sans parler de « génocide » ni détailler les recommandations des enquêteurs onusiens.

Dans leur rapport, ces derniers ont appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie.

Au terme de leur enquête, ils ont réclamé de poursuivre plusieurs responsables militaires birmans pour « génocide », « crimes contre l'humanité » et « crimes de guerre » contre les Rohingyas.

En un an, plus de 700 000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie, majoritairement bouddhiste, vers le Bangladesh après une offensive en août 2017 de l'armée en représailles à des attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas.

Plusieurs autres membres du Conseil de sécurité - dont le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, la Suède et le Koweït - ont aussi demandé une justice internationale et la création d'un mécanisme pour « collecter et conserver des preuves » des exactions.

Mais, la Chine et la Russie, soutiens du régime birman et dotés d'un droit de veto au Conseil, ont indiqué préférer se concentrer sur « un dialogue » avec les autorités pour résoudre la crise et un « règlement bilatéral » entre le Bangladesh et la Birmanie.

Depuis un an, le Conseil de sécurité s'est limité à produire des déclarations condamnant la violence, réclamant un accès humanitaire et un retour digne des exilés. Face aux réticences birmanes, il a fallu attendre avril pour voir la nomination d'un émissaire de l'ONU.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a reconnu mardi que « les conditions n'étaient pas remplies pour un retour en sécurité, volontaire, digne et durable des réfugiés rohingyas dans leurs régions d'origine ».

« Les Rohingyas restés dans l'État Rakhine continuent d'être discriminés et marginalisés, a-t-il dénoncé. Environ 130 000 Rohingyas demeurent confinés dans des camps avec de sévères restrictions à leurs libertés de mouvement. Ils ont un accès extrêmement limité à la santé, à l'éducation et à d'autres services essentiels », a-t-il précisé.

« Une coopération internationale efficace sera essentielle pour garantir que les mises en responsabilité soient crédibles, transparentes, impartiales, indépendantes et conformes aux obligations internationales de la Birmanie », a-t-il aussi dit, sans parler de « génocide » ni se prononcer sur un tribunal international ou une saisie de la Cour pénale internationale.