Les États-Unis voudraient déployer «aussi vite que possible» leur système anti-missile THAAD en Corée du Sud, après le lancement samedi d'une fusée par la Corée du Nord, a indiqué lundi un porte-parole du Pentagone.

«Nous voudrions voir ce déploiement aussi vite que possible», a indiqué le porte-parole, Peter Cook, dans une conférence de presse.

La Chine est fermement opposée à ce déploiement, qu'elle considère comme une menace pour sa propre dissuasion nucléaire.

Le radar très puissant de THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) pourrait servir à surveiller ses propres tirs de missile, estime-t-elle.

Mais pour les États-Unis, THAAD est un système «défensif», orienté «contre la menace nord-coréenne» et non pour la surveillance de la Chine, a expliqué M. Cook.

«Selon nous, cela ne devrait créer aucune inquiétude pour la Chine», a-t-il dit.

États-Unis et Corée du Sud vont commencer «dans les prochains jours» les discussions sur l'implantation de la future batterie anti-missile, a précisé M. Cook.

Une fois la décision prise, la batterie pourra être «très rapidement déployée», a précisé lundi un responsable américain de la Défense.

Le lanceur est installé sur un camion qui peut être transporté par avion jusqu'en Corée du Sud ainsi que la station radar qui l'accompagne.

Washington et Séoul ont annoncé dimanche avoir décidé d'ouvrir des pourparlers officiels pour installer en Corée du Sud une batterie THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) au lendemain du tir d'une fusée par la Corée du Nord.

Ce tir condamné par l'ONU est interprété par les États-Unis et leurs alliés comme un tir de missile déguisé.

Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou qu'ils viennent d'y entrer.

Ce système a commencé d'être déployé par les États-Unis à partir de 2008.

Cinq batteries sont aujourd'hui opérationnelles et deux autres ont été commandées en 2014, selon l'agence de défense anti-missiles américaine (MDA) qui dépend du Pentagone.

L'une d'entre elle est installée à Guam, la grande base américaine située dans le Pacifique, pour la protéger contre toute menace de missiles nord-coréens.Des sanctions «inefficaces»

La Corée du Nord continue de développer ses programmes nucléaire et balistique malgré des sanctions internationales à l'efficacité douteuse, indique un rapport d'experts de l'ONU.

Dans ce rapport confidentiel de 330 pages que l'AFP a pu consulter, ces experts recommandent cependant d'ajouter quatre individus et trois entreprises à la liste noire des sanctionnés et ils exhortent à renforcer les contrôles.

Ils proposent aussi d'ajouter les drones de reconnaissance et leurs composants à la liste des produits qu'il est interdit de fournir à la Corée du Nord.

Celle-ci vient de lancer à nouveau une fusée à longue portée, un mois à peine après un quatrième essai nucléaire, au mépris des sanctions et des protestations internationales.

Le Conseil de sécurité a réagi dimanche en décidant d'accélérer les négociations sur une nouvelle résolution de l'ONU qui alourdirait les sanctions malgré les réticences de la Chine, seule alliée de Pyongyang.

Dix ans après le premier essai nucléaire nord-coréen, les experts «n'ont trouvé aucune indication que le pays ait l'intention d'abandonner ses programmes nucléaire et balistique». Bien au contraire, il y a «de sérieux doutes sur l'efficacité globale du régime actuel de sanctions», estiment-ils.

La Corée du Nord «réussit à contourner les sanctions et continue d'utiliser le système financier international, les lignes aériennes et les routes maritimes pour se procurer des fournitures interdites».

Les entreprises nord-coréennes dissimulent leurs activités illicites en «infiltrant des agents dans des compagnies étrangères».

La compagnie maritime nationale Ocean Maritime Management (OMM), sur la liste des sanctions depuis juillet 2014, affrète des navires sous pavillon étranger ou utilise des sociétés-écrans pour accéder à des ports étrangers dans la région.

La Corée du Nord profite aussi des institutions internationales auxquelles elle participe pour «tenter de légitimer son programme spatial et d'accéder à des connaissances et à un réseau scientifiques».

Les Occidentaux accusent le régime communiste de mettre au point des missiles intercontinentaux sous couvert de lancements de satellite.

«Toutes ces activités sont facilitées par un manque de rigueur dans l'application des résolutions» de l'ONU, dénoncent les experts. Ils fustigent la «piètre qualité et le manque de détails» des rapports envoyés par les pays membres pour signaler les violations des sanctions.

«Il est plus important que jamais pour tous les pays membres de renforcer l'application des sanctions de l'ONU», conclut le rapport.

Les experts soulignent que le régime communiste «se concentre encore plus» ces derniers temps sur son programme de mise au point de missiles. A cet égard, ajoutent-ils, l'essai en mai 2015 d'un missile tiré depuis un sous-marin a constitué «une étape technologique majeure».