Le Pakistan a lancé jeudi avec l'aide de la Chine la construction de deux centrales nucléaires près de la mégalopole de Karachi (sud), destinées à réduire la crise énergétique qui plombe son économie, mais qui suscite des inquiétudes.

Certains experts et habitants soulignent notamment que cette région côtière très peuplée est vulnérable aux secousses sismiques et aux tsunamis, et que ce modèle de centrales n'a jamais encore été testé dans des conditions réelles.

«Les deux nouvelles centrales nucléaires K2 et K3 seront édifiées près de celle de Kanupp, la centrale de Karachi construite il y a 43 ans», a déclaré le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif lors d'une cérémonie officielle de lancement des travaux.

Les deux nouvelles centrales, dont la construction devrait être achevée en janvier 2020, ajouteront 1100 mégawatts au réseau électrique national, selon les autorités.

En été, la chaleur étouffante de Karachi, qui peut atteindre jusqu'à 50°C, peut creuser le déficit électrique du réseau local à 4000 mégawatts, nourrissant d'incessantes coupures d'électricité, imposées par les autorités faute de pouvoir répondre à la demande.

«Notre priorité est de mettre fin à ces coupures», a souligné M. Sharif.

Le Pakistan, par ailleurs le seul pays musulman détenteur de l'arme nucléaire, est l'un des rares pays en développement à pousser son programme atomique civil dans un contexte international toujours marqué par le désastre nucléaire japonais de Fukushima en 2011.

Pékin avait annoncé début 2014 qu'elle allait aider le Pakistan à construire ces deux centrales d'un coût de quelque 5 milliards d'euros, via un prêt du même montant accordé par sa banque publique Exim, à un taux préférentiel et à rembourser sous 20 ans.

Les deux centrales, qui seront ensuite administrées par le gouvernement pakistanais, seront construites à une trentaine de km de Karachi et de ses quelque 20 millions d'habitants, dans une région à la confluence de trois plaques tectoniques que des experts considèrent comme particulièrement vulnérable aux tsunamis.

En octobre 2011, les autorités pakistanaises avaient dû réparer en urgence une importante fuite d'eau à la centrale de Kanupp.

Le Pakistan prévoit par ailleurs de doubler dans le même temps la production, actuellement de 600 mégawatts, de la centrale de Chashma, située plus au nord, dans la province du Pendjab.

La Chine a annoncé en avril dernier des investissements massifs de l'ordre de 46 milliards de dollars dans les infrastructures, l'énergie et les transports au Pakistan, en échange notamment d'un accès privilégié à la mer d'Arabie, passerelle stratégique sur la route du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Europe.