La Corée du Nord a démenti vendredi avoir joué le moindre rôle dans une série d'explosions de mines antipersonnelles qui ont mutilé récemment deux soldats sud-coréens, une affaire qui a suscité un regain de tensions dans la péninsule.

La puissante Commission de défense nationale a déclaré que les accusations selon lesquelles des soldats nord-coréens auraient traversé subrepticement la frontière pour poser des mines de l'autre côté étaient «absurdes».

«Si notre armée voulait vraiment atteindre un objectif militaire, nous utiliserions des armes à feu puissantes, pas trois mines antipersonnel», a déclaré cette Commission dans un communiqué publié par l'agence officielle KCNA.

Les explosions s'étaient produites le 4 août lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée (DMZ) qui s'étale sur deux kilomètres de part et d'autre de la frontière. Un des soldats a dû être amputé des deux membres inférieurs, et l'autre a perdu une jambe.

Selon le commandement de l'ONU dirigé par Washington, qui est chargé de surveiller l'application du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre de Corée (1950-53), l'analyse des débris avait montré qu'il s'agissait de mines nord-coréennes placées sur un chemin bien connu pour être emprunté par les patrouilles sud-coréennes.

L'ONU avait également déterminé que les engins avaient été posés récemment, ce qui excluait la possibilité qu'il s'agisse de mines anciennes.

En dépit de son nom, la DMZ est fortement militarisée. Elle est parsemée de barrières électrifiées, de champs de mines et de murs antichars. D'après les estimations, plus d'un million de mines ont été disséminées dans la zone frontalière.

Les deux Etats rivaux sont toujours techniquement en conflit, car la guerre de Corée avait pris fin avec un simple cessez-le-feu et non un traité d'armistice.

Il s'agit de la première réaction des autorités nord-coréennes à cet incident.

La Commission de défense nationale a laissé entendre qu'il pouvait s'agir de mines sud-coréennes qui s'étaient déplacées. Accusant Séoul de diffamation, elle a mis au défi l'armée sud-coréenne de fournir les preuves vidéo de ses accusations.

«S'ils ne sont pas en mesure de le faire, ils doivent s'abstenir de parler des provocations» de la Corée du Nord, a-t-elle dit.

La Corée du Sud s'était dite certaine de la culpabilité de la Corée du Nord et avait promis de lui faire payer un «prix sévère».

Séoul a repris sa guerre de propagande au moyen de messages diffusés par de puissants haut-parleurs à la frontière.

La Corée du Sud a également renforcé sa sécurité dans la région et annoncé des exercices militaires conjoints avec les États-Unis, fondés sur l'utilisation d'armes lourdes et de tirs réels, en plus des exercices dit «Ulchi Freedom» qui commencent lundi.

La Corée du Nord a qualifié par avance de «déclaration de guerre» cet exercice militaire conjoint, se vantant d'être capable de frapper Séoul et la Maison-Blanche en guise de représailles.

Le moment est délicat pour les deux Corées qui se préparent à célébrer samedi le 70e anniversaire de la libération en 1945 de la péninsule coréenne du joug japonais.

Certains avaient émis l'espoir que cet anniversaire soit l'occasion d'un rapprochement, mais les efforts effectués pour organiser des cérémonies conjointes ont fait long feu.

La Corée du Nord refuse d'envisager des pourparlers tant que Séoul n'annule pas ses exercices militaires conjoints, considérés comme une répétition générale d'une invasion de son territoire.