Deux personnes ont été tuées dans des affrontements dimanche à Dacca, la capitale du Bangladesh, entre des policiers et des centaines de manifestants qui voulaient participer à un vaste rassemblement dont la dirigeante de l'opposition a été empêchée par les forces de l'ordre de prendre la tête.

Cette «marche pour la démocratie» avait été interdite par la police qui craignait de nouvelles violences.

Les policiers ont aspergé avec des canons à eau la foule qui réclamait le report des élections législatives prévues pour le 5 janvier au Bangladesh et sur laquelle ils ont aussi ouvert le feu. Des contestataires ont de leur côté fait usage de grenades artisanales.

«Nous avons tiré des coups de feu pour disperser les manifestants qui avaient lancé des dizaines de petites bombes», a déclaré à l'AFP Nur Alam Siddiqui, un haut responsable de la police.

Les policiers s'en sont pris aux protestataires qui tentaient de converger vers le quartier général de l'opposition et vers d'autres endroits dans le centre de Dacca.

Dans la banlieue de Rampura, les forces de l'ordre ont tiré sur plus de 200 manifestants qui jetaient des engins explosifs et une personne a trouvé la mort dans ces échauffourées, a dit un haut responsable de la police selon lequel un agent de sécurité à la gare de Kamalapur, dans la capitale, a été tué par une «petite bombe» lancée par un contestataire.

Des policiers présents en nombre ont par ailleurs empêché la dirigeante de l'opposition Khaleda Zia de quitter en voiture son domicile, situé dans une banlieue huppée, pour se rendre à la marche.

Mme Zia, qui a été deux fois par le passé à la tête du gouvernement du Bangladesh, devait s'adresser aux participants à la marche, à laquelle elle avait appelé pour tenter de forcer la première ministre Sheikh Hasina à la démission et à ajourner les élections.

«Ce gouvernement est illégal. La démocratie est désormais morte», a dit Mme Zia aux journalistes massés devant sa maison.

Le Bangladesh a connu cette année les violences les plus meurtrières depuis sa création en 1971 (à la suite de son indépendance du Pakistan), avec au moins 275 morts dans des manifestations.

Deux femmes s'affrontent depuis des années pour diriger ce pays : Sheikh Hasina, de la Ligue Awami, et Khaleda Zia, chef du Parti nationaliste du Bangladesh.

La police avait arrêté samedi un millier de sympathisants de l'opposition dans le cadre de «mesures préventives» et les autorités ont suspendu les services de bus, transbordeurs et trains desservant Dacca, isolant ainsi la capitale du reste du Bangladesh.

Quelque 11 000 policiers ou autres représentants des forces de l'ordre ont été déployés dans cette ville, a précisé à l'AFP Masudur Rahman, porte-parole de la police.

Des heurts ont également éclaté dès dimanche matin entre des manifestants et des partisans de la Ligue Awami, selon un journaliste de l'AFP.

Le parti de Khaleda Zia a organisé plusieurs grèves nationales et manifestations de masse ces derniers mois.

L'opposition réclame la démission du gouvernement et la mise en place d'un gouvernement neutre et provisoire avant l'organisation d'élections, comme ce fut le cas dans le passé, mais la première ministre refuse.

La crédibilité des législatives du 5 janvier est d'ores et déjà d'autant plus entachée que les autres pays ont refusé d'envoyer des observateurs internationaux au Bangladesh, qui a connu une vingtaine de coups d'État depuis 1971.