Le régime nord-coréen a organisé un vaste rassemblement public mardi, diffusé en direct à la télévision, pour commémorer la mort de l'ancien dirigeant Kim Jong-il, occasion d'afficher la loyauté envers son fils et successeur Kim Jong-un, après une purge au sommet.

La cérémonie, qui s'est déroulée dans le centre de Pyongyang deux ans exactement après le décès de Kim Jong-il, comprenait plusieurs discours soulignant la loyauté sans faille envers le jeune dirigeant et mettant en garde la Corée du Sud.

Ce rassemblement intervient quelques jours après l'arrestation, le procès express puis l'exécution de l'oncle de Kim Jong-un, Jang Song-thaek, qui a guidé les premiers pas de son neveu à la tête du pays.

La purge au plus haut sommet de l'État a soulevé des questions sur de possibles luttes intestines et poussé Washington et Séoul à redouter d'éventuelles provocations de la part de ce régime doté de l'arme nucléaire.

NK News, un site américain qui suit les médias nord-coréens, a révélé que des dizaines de milliers d'articles avaient été effacés des archives de l'agence officielle ou des journaux, officiels eux aussi. Un documentaire rediffusé il y a quelques jours avait été expurgé de toutes les séquences où figurait Jang, avait rapporté l'agence sud-coréenne Yonhap.

Les images télévisées de la cérémonie de mardi montrent des dizaines de milliers de responsables militaires, ou du parti, assis dans un silence de plomb, le visage impassible, qui se lèvent d'un coup pour applaudir vigoureusement Kim Jong-un lorsqu'il prend place sur le podium réservé à l'élite.

«Nous serons des guerriers pour sauvegarder le parti avec nos vies (...) et avec la conviction que nous ne connaissons personne d'autre que le grand camarade Kim Jong-un», a déclaré le chef de l'État - titre honorifique - Kim Yong-Nam.

Le pays a effectué «d'immenses progrès» depuis l'arrivée au pouvoir du jeune dirigeant, a-t-il ajouté. La Corée du Nord a envoyé un satellite dans l'espace en décembre 2012 et procédé à un 3e essai nucléaire en février 2013, le plus important des trois tests.

Choe Ryong-hae, un haut dirigeant militaire réputé proche de Kim Jong-un, et qui pourrait avoir joué un rôle clé dans la disgrâce de l'oncle, a lui aussi rendu hommage au dirigeant, et mis en garde Séoul.

L'armée soutiendra «notre commandant suprême, quels que soient les orages et les privations», a-t-il dit. «Si les ennemis lâchent une seule goutte de feu sur notre mère patrie, nos soldats se précipiteront pour achever tous les envahisseurs et réaliser l'unification» de la péninsule.

La Chine, seul soutien de poids à la Corée du Nord, a pour sa part indiqué qu'elle continuerait de soigner ses relations avec Pyongyang.

«Le renforcement raisonnable et régulier des liens (Chine-Corée du Nord) sert les intérêts fondamentaux de nos deux peuples et a des implications positives pour la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est», a déclaré Hua Chunying, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

La veuve de Jang Song-thaek, Kim Kyong-hui, soeur du père du dirigeant, n'était pas présente sur le podium d'honneur. L'agence officielle nord-coréenne l'avait citée dimanche parmi les membres du Comité de funérailles pour un haut dignitaire du parti, une annonce pouvant signifier, selon les analystes, qu'elle avait échappé à la purge.