La chef de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a été quelque peu chahutée jeudi par des villageois qui lui reprochaient de ne pas les soutenir dans leur combat contre une mine de cuivre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La députée s'est rendue pendant deux jours dans des villages situés autour de la mine de Leptadaung, à Monywa (nord), où une centaine de personnes avaient été blessées par les forces de l'ordre en novembre.

Elle souhaitait les convaincre d'accepter la reprise de la mine sous certaines conditions. Mais celle qui était jusqu'à présent leur idole a été plutôt mal reçue, selon des journalistes de l'AFP, qui ont vu des villageois crier et des femmes pleurer sur son passage.

«Nous avons cru en elle. Elle est venue (...) et a regardé les manifestants depuis sa voiture», a expliqué à l'AFP Nandasarya, un moine bouddhiste.

«La relation entre les villageois et Aung San Suu Kyi est très tendue actuellement», a-t-il ajouté. «Elle est venue ici comme une vraie responsable avec son service de sécurité. Ça nous rend mal à l'aise».

Suu Kyi, réélue sans opposition le week-end dernier à la tête de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), représente pour beaucoup de Birmans la lutte contre l'oppression de la junte militaire, qui a cédé le pouvoir à un régime réformateur il y a deux ans.

Devenue députée, elle est de plus en plus poussée à faire des choix politiques qui ne font pas l'unanimité.

Elle a ainsi présidé une commission d'enquête parlementaire sur les violences de Monywa, dont les conclusions accablent les forces de sécurité, notamment pour l'usage de phosphore contre les manifestants. Mais sa volonté de voir la mine reprendre ne passe pas. «Nous nous attendions à une meilleure réponse que votre rapport», l'a ainsi interpellée une femme.

«Je ne travaille pas pour protéger la montagne de Leptadaung, mais pour protéger le pays», a-t-elle de son côté relevé admettant qu'elle ne pouvait «apaiser tout le monde».

La répression de novembre avait connu un retentissement exceptionnel au sein de l'opinion. La mine symbolise aussi la colère des Birmans face à une multitude de projets chinois accusés de ne pas profiter aux populations locales.

Elle est gérée par une société mixte formée par le groupe chinois Wanbao et une société appartenant à l'armée birmane. Les villageois dénoncent l'insuffisance des indemnisations des terres et les risques environnementaux du projet.