La police pakistanaise a placé en détention des membres de la famille d'un des auteurs présumés de l'attentat des talibans contre la jeune militante pour le droit à l'éducation des filles Malala Yousafzai afin de faire pression sur lui, ont annoncé jeudi des responsables.    

La police et des sources de sécurité estiment que l'un des hommes à l'origine de l'attaque contre l'adolescente de 14 ans se nomme Attaullah et a réussi à prendre la fuite lors d'une opération de police la semaine dernière à Nowshera, près de Peshawar, la grande ville du Nord-Ouest pakistanais.

« Des membres de sa famille ont été placés en détention par la police, mais ils ne sont pas considérés comme des suspects dans cette affaire. Il s'agit d'une mesure visant à faire pression sur lui (Attaullah) afin qu'il se rende à la police de son propre chef », a indiqué un responsable sous couvert de l'anonymat.

Deux membres du Mouvement des talibans du Pakistan (Tehreek-e-Taliban Pakistan, TTP) avaient intercepté la semaine dernière l'autobus scolaire dans lequel circulaient Malala Yousafzai, des camarades de classe et son père à Mingora, principale ville de la vallée de Swat, région reprise en 2009 par l'armée pakistanaise aux mains des insurgés.

Un homme était entré dans le véhicule et avait ouvert le feu sur l'adolescente, atteinte à la tête et à l'épaule, près de la nuque. La jeune icône de la paix a été opérée au Pakistan, puis transférée en Grande-Bretagne pour des soins post-opératoires où son état demeure « stable ».

Le TTP, fondé en 2007, entretient des liens étroits avec d'autres factions talibanes et des groupes liés à Al-Qaïda, et se sert de l'Afghanistan voisin comme base arrière, ce qui devrait compliquer davantage l'enquête des autorités pakistanaises dans cette affaire.

« Plus de 200 personnes ont été détenues depuis le début de l'enquête, mais la plupart d'entre elles ont été relâchées. Une douzaine de personnes sont toujours interrogées », a dit à l'AFP un haut responsable de la sécurité dans la vallée de Swat sous le couvert de l'anonymat.

Selon un responsable de la police de Mingora, deux gardiens et un autre employé de l'école de la jeune Malala qui avaient été placés en garde à vue la semaine dernière ont été relâchés en début de semaine faute de preuve contre eux.

« Il s'agissait d'une attaque bien planifiée », a dit un haut responsable de la police, suggérant que les enquêteurs allaient avoir besoin de beaucoup temps pour faire la lumière sur cette affaire toujours à la Une de la presse locale.