La Chine a accusé jeudi le Vatican de «restreindre la liberté» religieuse, en affirmant que l'Église catholique officielle chinoise choisissait ses évêques en toute indépendance, après l'ordination d'un évêque chinois contestée par le Saint Siège.

«L'Église catholique de Chine, s'appuyant sur des décennies de tradition, effectue son travail d'ordination dans un esprit d'indépendance. C'est une manifestation concrète de la liberté de croyance religieuse», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei.

Le Vatican avait estimé mercredi que l'ordination d'un évêque samedi dernier en Chine sans le consentement de Rome constituait «une grave violation de la liberté religieuse et de conscience».

Le porte-parole chinois a répliqué en affirmant que «toute allégation ou intervention constitue un acte de restriction de liberté et d'intolérance» vis-à-vis de l'Église catholique officielle chinoise.

L'ordination du père Guo Jincai à Chengde, une ville du nord de la Chine, a été annoncée par Liu Bainian, vice-président de l'Association patriotique des catholiques de Chine, Église contrôlée par les autorités.

«L'Église catholique chinoise n'est pas responsable des conséquences de cette ordination sur les relations entre la Chine et le Vatican», a déclaré jeudi Liu Bainian à l'AFP.

«Nous ne pouvons pas cesser de répandre l'Evangile pour des raisons politiques», a-t-il ajouté en insistant sur la nécessité pour les catholiques chinois d'avoir des évêques.

Les fidèles sont «humiliés» parce que «les autorités civiles chinoises veulent leur imposer un pasteur qui n'est en pleine communion ni avec le pape ni avec d'autres évêques de par le monde», avait affirmé le Vatican dans un communiqué.

Le Saint Siège avait déploré les «pressions» exercées selon lui sur des évêques chinois pour qu'ils participent à la cérémonie. Il avait en outre rappelé qu'il s'était exprimé cette année à plusieurs reprises contre l'ordination du père Guo.

Les catholiques chinois sont estimés à quelques millions (5,7 millions selon les chiffres officiels), partagés entre l'Église officielle dont le clergé dépend des autorités politiques et une Église non reconnue dite «clandestine» ou «souterraine» qui tire sa légitimité de son obéissance au pape.

Les prêtres et évêques de l'Église fidèle à Rome sont confrontés à de multiples difficultés dans l'exercice de leur ministère, certains ayant été arrêtés par la police.

Les relations entre la Chine et le Vatican s'étaient un peu dégelées durant la première moitié de l'année. Entre avril et juillet, six évêques avaient été nommés avec l'agrément commun du pape et des autorités chinoises.

Pékin et le Saint Siège n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1951 et le rétablissement de ces relations est un enjeu pour Pékin, qui souhaite améliorer son image à l'étranger.

Une commission a été créée en 2007 réunissant des responsables de la Curie romaine et de l'épiscopat. En mars, le Vatican avait dit souhaiter avec les autorités chinoises un «dialogue respectueux et ouvert». Il a réitéré cette volonté mercredi.