Le président russe Dmitri Medvedev est arrivé lundi aux îles Kouriles en dépit des mises en garde répétées du Japon lui demandant de s'abstenir de se rendre sur ces territoires objet d'une dispute avec Tokyo depuis la Seconde guerre mondiale, a indiqué un correspondant de l'AFP.

Le Premier ministre japonais Naoto Kan a immédiatement jugé «très regrettable» cette visite.

M. Medvedev est arrivé sur l'île de Kunashir, l'une des quatre îles appelées en Russie Kouriles du Sud et Territoires du Nord au Japon.

Cette visite spectaculaire, une première pour un chef d'Etat russe depuis 1945, intervient peu avant le déplacement du président russe au Japon pour le sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (Apec) le 12 novembre.

Le chef du Kremlin doit visiter une station géothermique, rencontrer des habitants et inspecter plusieurs sites en construction, a indiqué un responsable.

Dmitri Medvedev s'était engagé fin septembre à se rendre «dans un avenir proche» aux îles Kouriles, «une région très importante» de Russie avait-il souligné, provoquant de vives protestation de Tokyo.

Réagissant alors à cette annonce, le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, avait averti qu'une visite du président russe sur ces îles affecterait «durement les relations» entre les deux pays.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a souligné samedi que le chef de l'Etat était libre de choisir «les régions russes» qu'il visite. «Je ne vois aucun lien» entre une visite aux Kouriles et les relations russo-japonaises, a-t-il déclaré.

Moscou et Tokyo se disputent quatre îles de l'archipel des Kouriles (Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri), les Territoires du Nord des Japonais. Elles avaient été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon.

Ce différend empêche depuis 65 ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays.

Bien que relancées après la chute de l'URSS en 1991, les négociations n'ont toujours pas abouti.

Lors de la présidence de Boris Eltsine, Moscou avait songé à restituer ces territoires au Japon, mais la violente réaction des nationalistes et des communistes avait anéanti ce projet de conciliation.

L'ex-président russe et actuel Premier ministre Vladimir Poutine avait proposé dès 2004 de restituer sous condition au Japon deux des quatre îles disputées, mais Tokyo a jugé la proposition inacceptable.

Après l'arrivée au Kremlin de Dmitri Medvedev, les Japonais avaient exprimé leur espoir de voir un compromis émerger, jugeant en mai 2009 que le nouveau président russe avait «une approche originale, nouvelle» sur ce problème. Mais depuis, aucune avancée n'est intervenue.

Tokyo suscite régulièrement la colère de Moscou en revendiquant ces îles, «des territoires inhérents au Japon, ayant été hérités de génération en génération par le peuple japonais et n'ayant jamais appartenu à un autre pays», selon les autorités japonaises.

Plusieurs hauts responsables russes, dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, se sont rendus sur ces îles, provoquant en retour le mécontentement de Tokyo.

En 2005 le Parlement européen a adopté une résolution appelant la Russie à restituer au Japon «les Territoires du Nord».