La nouvelle est maintenant presque officielle. Kim Jong-il, le président de la Corée du Nord, a nommé son fils de 24 ans, Kim Jong-un, comme son successeur. Il serait au départ supervisé par son oncle, Jang Sung Taek, le beau-frère de Kim Jong-il.

«L'agence d'espionnage sud-coréenne a confirmé la succession dans les journaux d'hier», indique Daniel Pinkston, l'analyse de l'ONG européenne International Crisis Group, à Séoul. «Et j'ai rencontré vendredi dernier un Allemand qui travaille pour une ONG et se rend souvent en Corée du Nord, et qui m'a confirmé que Kim Jong-un serait le successeur. Il m'a même dit que ses interlocuteurs espéraient que la succession n'ait pas lieu dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Le plan serait d'attribuer à Kim Jong-un la responsabilité du test nucléaire de la semaine dernière et d'un récent programme national de 150 jours d'amélioration de la productivité.»

 

Kim Jong-il, qui a 67 ans, a eu un accident vasculaire cérébral l'année dernière. Cela l'a grandement affaibli. Il n'a pas été vu en public pendant six mois, malgré les tentatives des autorités nord-coréennes de publier des photos montrant qu'il était toujours actif et qu'il n'avait jamais été malade.

Les inquiétudes sur la succession en corée du Nord sont avivées par le fait que Kim Jong-il a été nommé successeur de son père en 1974, 20 ans avant d'accéder au pouvoir. M. Kim a eu ses enfants sur le tard et son fils aîné s'est disqualifié de la succession en 2001, quand il s'est fait arrêter à la frontière du Japon avec un faux passeport dominicain. Selon les médias nippons, il voyageait avec deux femmes et son fils de 4 ans, sous un patronyme chinois, dans le but de visiter Disneyland Tokyo.

La succession est aussi une affaire de femmes. Les médias nippons, s'appuyant sur le témoignage d'un cuisinier italien qui a travaillé pour Kim Jong-il, rapportent que la mère de Kim Jong-un, qui est la troisième des quatre épouses de Kim Jong-il, a été son épouse préférée (son épouse actuelle est sa secrétaire de longue date). De plus, le dictateur nord-coréen était particulièrement proche de sa soeur Kim Kyung Hee, qui est l'épouse du «tuteur» Jang Seong-taek. Leur père aurait exilé M. Jang à Moscou parce qu'il était opposé au mariage, mais Kim Jong-il l'a réhabilité quand il est arrivé au pouvoir. M. Jang a été nommé en avril à un poste de bas niveau de la toute-puissante Commission nationale de la défense.

Les médias sud-coréens et japonais, friands de potins sur la famille Kim, se sont rapidement emparés de Kim Jong-un. On a rapporté que des écussons à son image, un instrument du culte de la personnalité particulièrement utilisé en Corée du Nord, sont déjà distribués et qu'une chanson en son honneur est enseignée aux écoliers. Par ailleurs, comme son père, il souffrirait de diabète et aimerait le basketball de la NBA.