(Hiroshima) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu en personne au Sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, au moment où les États-Unis se sont déclarés prêts à autoriser la livraison d’avions de combat américains F-16 à Kyiv, un tournant dans leur aide militaire à l’Ukraine.

Cette visite, qui n’avait pas été annoncée, représentera une rare opportunité pour le dirigeant ukrainien de se concerter avec les dirigeants des principales puissances occidentales qui soutiennent financièrement et militairement son pays face à l’invasion russe.

Volodymyr Zelensky aura notamment des entretiens avec le président Joe Biden qui a ouvert la voie vendredi à la livraison à l’Ukraine d’avions de combat de fabrication américaine F-16, que Kyiv réclamait depuis longtemps.

Le président américain a assuré ses interlocuteurs de son « soutien à une initiative commune visant à entraîner des pilotes ukrainiens sur des avions de combat de quatrième génération, y compris des F-16 », selon un haut responsable de la Maison-Blanche.

Cette décision a été qualifiée d’« historique » par le président Zelensky qui a dit avoir hâte de « discuter de la mise en œuvre pratique » du plan au Sommet du G7 à Hiroshima, ville japonaise victime du premier bombardement atomique de l’histoire en 1945 et devenue depuis un symbole mondial de la paix.

Présence « essentielle »

Joe Biden, qui orchestre la réponse occidentale face à la Russie, fait face à une pression grandissante pour autoriser l’envoi des avions de Lockheed Martin à l’Ukraine. Les États-Unis, qui font tout pour éviter un affrontement direct avec Moscou, ne souhaitent pas les livrer eux-mêmes, mais ils autoriseraient d’autres pays qui en possèdent à le faire.

PHOTO CARL COURT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky

Alors qu’il devait initialement intervenir par vidéoconférence, le président ukrainien, qui vient d’achever une tournée en Europe et en Arabie saoudite, devrait participer en personne dimanche, au dernier jour du sommet.  

« Des choses très importantes seront décidées sur place, et donc la présence, la présence en personne de notre président est absolument essentielle pour défendre nos intérêts », a déclaré le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov.

C’est-à-dire lorsque seront aussi présents les dirigeants de huit pays invités par la présidence japonaise, parmi lesquels de grands émergents comme le Brésil, l’Indonésie et surtout l’Inde, qui entretient des liens militaires étroits avec la Russie et a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine.

Sa présence à Hiroshima va « souligner l’importance du conflit » russo-ukrainien pour défendre « la paix dans le monde, mais aussi le risque d’escalade » entre des puissances nucléaires, estime Ian Lesser, vice-président du German Marshall Fund, un cercle de réflexion américain, interrogé par l’AFP.

Diamants russes « pas éternels »

Dans une déclaration commune publiée après une réunion consacrée à l’Ukraine dès vendredi, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada ont annoncé des mesures pour « priver la Russie des technologies, des équipements industriels et des services du G7 qui soutiennent son entreprise guerrière ».

Le Royaume-Uni et l’Union européenne, qui participe aux discussions du G7, avaient auparavant annoncé des restrictions à leurs importations de diamants russes, qui rapportent chaque année plusieurs milliards de dollars à Moscou.

Les dirigeants du G7 se sont aussi recueillis vendredi au Parc du mémorial de la paix avec le premier ministre japonais Fumio Kishida, dont les racines familiales et politiques sont à Hiroshima.

PHOTO FOURNIE PAR LE MINISTÈRE JAPONAIS ES AFFAIRES ÉTRANGÈRES VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Les dirigeants du G7 ont déposé des couronnes de fleurs au Parc du mémorial de la paix à Hiroshima.

Ils y ont rendu hommage aux quelque 140 000 victimes de la bombe atomique américaine du 6 août 1945.

L’agenda du sommet sera aussi dominé par la Chine et la volonté des pays du G7 de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement pour se prémunir contre le risque de « coercition économique » de Pékin.

La France a toutefois assuré que ce ne serait « pas un G7 de la confrontation », mais « un G7 de la coopération et de l’exigence à l’égard de la Chine ».

Cependant, à l’issue de discussions sur le désarmement nucléaire, les dirigeants du G7 ont estimé que l’extension rapide de l’arsenal nucléaire chinois était une « préoccupation pour la stabilité mondiale et régionale ».

Le sommet doit aussi être l’occasion pour les dirigeants américain, indien, australien et japonais de s’entretenir samedi dans le cadre de l’Alliance informelle « Quad » de la région Indo-Pacifique, dont la réunion initialement prévue la semaine prochaine en Australie avait été annulée en raison d’un agenda du président Joe Biden contrarié par la crise de la dette américaine.