(Hiroshima) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a enchaîné samedi des rencontres avec des chefs d’État et de gouvernement dès son arrivée au Sommet du G7 à Hiroshima, cherchant notamment à persuader de grandes puissances émergentes de hausser le ton envers Moscou.

Cette visite surprise au Japon est le plus lointain déplacement du président ukrainien depuis l’invasion russe de son pays il y a 15 mois.

Dès son arrivée à Hiroshima à bord d’un avion de la République française, il a multiplié les réunions bilatérales : avec le premier ministre britannique Rishi Sunak, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le premier ministre Narendra Modi, le chancelier allemand Olaf Scholz.

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Volodymyr Zelensky à son arrivée à l’aéroport d’Hiroshima

Une rencontre avec le président français Emmanuel Macron a aussi eu lieu. La présence de M. Zelensky au G7 de Hiroshima « peut changer la donne » pour l’Ukraine, a lancé samedi M. Macron, notamment en lui permettant de nouer des liens avec les dirigeants de grandes puissances émergentes également présents au sommet, comme ceux de l’Inde et du Brésil.

M. Modi a déjà assuré samedi à M. Zelensky que l’Inde ferait « tout son possible » pour régler le conflit russo-ukrainien et qu’il comprenait « parfaitement » sa « souffrance » et celle de son peuple. Le président brésilien Lula désire aussi le rencontrer à Hiroshima, selon une source française.

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Volodymyr Zelenskydiscute avec la première ministre italienne Giorgia Meloni.

M. Zelensky doit également s’entretenir avec le président américain Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida.

Sur le chemin du Japon, le dirigeant ukrainien a fait escale vendredi en Arabie saoudite, pour plaider la cause de l’Ukraine au sommet de la Ligue arabe.

Feu vert américain aux F-16

Dès vendredi, M. Zelensky a obtenu une avancée importante : Joe Biden a surmonté ses réticences en se disant désormais prêt à autoriser d’autres pays alliés à fournir à l’Ukraine les avions de combat que Kyiv réclame depuis longtemps, des F-16 de fabrication américaine.

C’est une décision « très significative », car ces avions égalent, voire surpassent, les chasseurs russes et devraient ainsi compliquer les opérations aériennes de Moscou en Ukraine, selon Mick Ryan, expert militaire et ancien général de l’armée australienne.

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Les États-Unis soutiennent aussi à présent une initiative commune de leurs alliés pour former des pilotes ukrainiens. Pendant ces longs mois d’entraînement, les Occidentaux décideront du calendrier de livraison des avions, de leur nombre ainsi que des pays qui les fourniront, a indiqué Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden.

Les dirigeants du G7 ont aussi appelé samedi Pékin à « faire pression sur la Russie pour qu’elle cesse son agression » contre l’Ukraine et « retire immédiatement, totalement et sans condition ses troupes », alors que Pékin reste un allié proche de Moscou et n’a jamais condamné l’invasion russe.

Critiques de Moscou et Pékin

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a aussitôt accusé les dirigeants du G7 de vouloir « contenir » à la fois la Russie et la Chine.

Pékin a aussi exprimé son « vif mécontentement » après la publication du communiqué final des principales démocraties industrialisées, lui adressant une série de reproches.

Les dirigeants du sommet d’Hiroshima, ville martyre du premier bombardement atomique en 1945 et devenue depuis un symbole mondial de la paix, ont en effet réaffirmé samedi leur « opposition » à toute « militarisation » chinoise en Asie-Pacifique, assurant qu’il n’existe « pas de fondement légal » pour « les revendications maritimes expansives » du pays en mer de Chine du Sud.

Ils ont toutefois assuré vouloir des relations « constructives et stables » avec Pékin et en soulignant « l’importance de dialoguer franchement » avec le géant asiatique.

Sur Taïwan, ils ont réitéré leur appel à « une résolution pacifique » des différends avec la Chine, qui considère cette île comme l’une de ses provinces.

Cette déclaration est le fruit de négociations entre des pays comme les États-Unis, porteurs d’une position plus ferme, sur fond de tensions croissantes avec la Chine, et d’autres, côté européen, qui insistent pour éviter tout climat de « confrontation ».

Les pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada) veulent diversifier leurs chaînes d’approvisionnement pour moins dépendre de Pékin notamment. Ils ont haussé le ton contre toute tentative de « coercition économique », visant la Chine sans toutefois la nommer.