(Sittwe) Les habitants de la capitale de l’État birman de Rakhine, ravagée par le cyclone Mocha, sont en quête d’eau potable au moment où les Nations unies négocient avec la junte l’accès aux zones les plus durement touchées.

Le cyclone Mocha a frappé la Birmanie et le Bangladesh dimanche, avec des pluies battantes et des vents de 195 kilomètres à l’heure qui ont démoli des bâtiments et transformé les rues en rivières.

L’ouragan a tué au moins 81 personnes à travers le pays, selon des déclarations de dirigeants et de responsables locaux à des journalistes de l’AFP et des décomptes des médias d’État.

Les habitants de Sittwe, la capitale de Rakhine, se placent dans des files d’attente pour recevoir de petits bidons d’eau après que le cyclone a endommagé les stations d’épuration qui alimentent en eau potable la ville de quelque 150 000 habitants.

« Nous avons stocké de l’eau, mais après deux jours on n’en a plus », a dit Ko Htun qui faisait la queue pour recevoir de l’eau distribuée par une ONG. « Les riches peuvent se permettre d’acheter de l’eau, mais pas les pauvres », lâche-t-il.

Aye Hla, un autre habitant de Sittwe, patiente pour recevoir du riz distribué par le Programme alimentaire mondial dans un monastère de la ville.

« Je n’ai pas mangé depuis quatre jours », murmure ce quadragénaire. « Je n’ai pas de bols, d’assiettes, ni de maison et je n’ai même pas de vêtements pour me changer. Je suis ici pour demander du riz, car ma famille meurt de faim. »

Des centaines de sacs de riz ont été acheminés par avion à Sittwe et un navire de la marine avec du riz, du matériel de communication et d’autres aides devait arriver mercredi soir, selon la presse officielle.

Négociations en cours

Des négociations sont « en cours » avec la junte militaire birmane pour obtenir l’accès aux zones touchées par le cyclone, a affirmé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Un porte-parole d’OCHA n’a pas souhaité donner des détails.

« Les offres d’aide de la communauté internationale ont été acceptées », ont indiqué mardi les médias officiels.

Quand le cyclone Nargis avait tué au moins 138 000 personnes en Birmanie en 2008, la junte de l’époque avait été accusée d’avoir bloqué l’aide d’urgence et d’avoir initialement refusé l’accès aux travailleurs humanitaires et à l’aide internationale.

L’État de Rakhine abrite environ 600 000 Rohingyas, qui sont considérés par beaucoup comme des intrus du Bangladesh et se voient refuser la citoyenneté et la liberté de mouvement.

Les camps abritant des Rohingyas déplacés autour de Sittwe ont été ravagés par la tempête.

Le chef d’un camp à l’extérieur de Sittwe, qui n’a pas donné son nom, a déclaré mercredi qu’ils attendaient toujours de l’aide.

« Aucune aide ne nous est encore parvenue, car les ponts sur le chemin vers notre camp sont détruits », a-t-il expliqué. « Nous pourrions peut-être tenir encore deux jours », a-t-il estimé.