(Colombo) Après plusieurs mois de discussion, le Sri Lanka pourrait enfin bénéficier du plan de sauvetage du FMI de 2,9 milliards de dollars, après l’accord de la Chine sur une restructuration de ses prêts accordés à l’île d’Asie du sud, qui « ouvre la voie » à une décision de l’institution dès le 20 mars.

La banque chinoise Exim a écrit lundi au Fonds monétaire international (FMI) pour lui faire part de la volonté de Pékin de « restructurer » les crédits accordés au Sri Lanka, a indiqué le président Ranil Wickremesinghe devant le parlement de Colombo.

« Dès que la lettre de l’Exim Bank of China a été envoyée au FMI, j’ai signé la lettre d’intention du Sri Lanka de suivre le programme du FMI », a-t-il déclaré.  

« Le Sri Lanka a désormais obtenu les assurances nécessaires de la part de ses principaux bailleurs bilatéraux. Cela ouvre la voie à l’étude du plan par le conseil d’administration le 20 mars en vue d’une validation », a réagi mardi Krishna Srinivasan, directeur du FMI pour l’Asie et le Pacifique.

« Je salue les progrès réalisés par le Sri Lanka, qui a mis en place des politiques essentielles et obtenu les assurances nécessaires de l’ensemble de ses principaux créditeurs », a de son côté tweeté la directrice générale de l’institution, Kristalina Georgieva

Le Japon et l’Inde, autres grands créanciers du Sri Lanka avec d’autres rassemblés au sein du Club de Paris, avaient déjà donné des assurances sur leur volonté de réduire le poids de la dette qui pèse sur l’île. Seule la Chine n’avait pas encore fait part de ses intentions.

« Un accord du conseil d’administration pourra également ouvrir au financement d’autres créanciers, parmi lesquels la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement », a ajouté M. Srinivasan.

Selon Mark Plant, membre du Centre de développement mondial (CGD), basé à Washington, il s’agit d’une « évolution très positive. Le FMI avait besoin d’assurances de la part des créditeurs afin de s’assurer que l’argent qu’elle verse ne leur revient pas ».

Pékin avait dans un premier temps proposé un moratoire de deux ans sur le remboursement de ses créances, mais sans accepter d’« haircut » (réduction du montant), une concession insuffisante pour le FMI, bloquant de fait le plan de sauvetage.

« On ne connaît pas les détails des propositions chinoises et elles ne seront sans doute pas rendues publiques. Mais si le plan est présenté au conseil d’administration du FMI, cela signifie qu’elles sont suffisantes et que sa décision est quasi certaine », a ajouté M. Plant.

Test électoral

L’île de 22 millions d’habitants a fait défaut sur sa dette extérieure de 46 milliards de dollars en avril 2022, pendant une crise économique sans précédent qui a provoqué des mois de pénurie de nourriture et de carburant au Sri Lanka.  

Un peu plus de 14 milliards de dollars de la dette extérieure totale constituent des dettes bilatérales envers des gouvernements étrangers, dont 52 % à la Chine.  

Le gouvernement de M. Wickremesinghe s’est efforcé d’obtenir du FMI un plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars pour rétablir les finances publiques.  

Son administration a imposé de fortes hausses d’impôts, mis fin aux subventions sur l’essence et l’électricité et prévu de vendre les entreprises publiques déficitaires pour satisfaire aux conditions du plan de sauvetage.

« Le plan va donner de la marge au gouvernement pour continuer les réformes. Mais elles ne seront pas sans coût et elles demanderont de la discipline budgétaire », a souligné Mark Plan.

Le président a averti le mois dernier que le Sri Lanka resterait en défaut de paiement au moins pendant trois ans et a reconnu que ces mesures d’austérité avaient provoqué du mécontentement au sein de la population.

La police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser plusieurs manifestations contre ces mesures économiques au cours des dernières semaines.

Dans ce contexte, le président Wickremesinghe fait face à son premier test électoral le 25 avril à l’occasion d’élections locales dont la tenue a été reportée mais finalement confirmée mardi par la commission électorale.

La Cour suprême avait ordonné au gouvernement la semaine dernière de débloquer les fonds nécessaires à son organisation après que le président a annoncé que le pays n’avait pas les moyens de les organiser.